Essais

Claire Marin

Rupture(s)

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Chronique de Jérémie Banel

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Expérience universelle, moment de souffrance, de doute ou encore de libération, la rupture sous toutes ses formes est, volontairement ou non, au cœur de nos vies : la voici considérée sous l’angle de la philosophie.

Nouveau titre de la collection « La Relève », récente dans le paysage mais déjà reconnue pour la richesse et l’originalité de ses titres, Rupture(s) se penche sur un sujet plus souvent (mal)traité dans les rayons de développement personnel que réellement étudié pour ce qu’il est. Ainsi, si bien évidemment la rupture amoureuse est traitée longuement, elle n’est qu’un des angles d’attaque de ce livre, et sans qu’il ne soit question de proposer un manuel ou des astuces pour traverser celle-ci. Le propos qui sous-tend toute la réflexion et les différentes ruptures que nous sommes ainsi amenés à vivre est surtout un questionnement sur l’identité et c’est là que réside la dimension philosophique de l’approche. La rupture devient ainsi un révélateur et questionne profondément les différentes visions de soi : celui que l’on est, celui que l’on voudrait être, celui que l’on croit être, ou encore celui que les autres voudraient que l’on soit. Convoquant à l’appui de sa réflexion non seulement des philosophes mais aussi nombre de romanciers, Claire Marin met ainsi à jour l’immense diversité des situations de ruptures, et autant de façons de les traverser, de les vivre, et donc de les dépasser. Ce détour par les œuvres de fiction permet, et c’est là un des points forts du livre, une mise à distance de la situation et donne à lire une dimension à la fois universelle et personnelle de la rupture, quelle qu’elle soit. Au final, plutôt que des accidents, celles-ci deviennent des moments de passage, de transformation et de questionnements profonds, ce qui en fait des moteurs réels d’une évolution personnelle, entre certitudes et tâtonnements. Les lire et les penser en suivant la réflexion de Claire Marin, c’est au bout du compte, interroger la vie elle-même.

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