Jeunesse

Mikael Thévenot

Le Petit Prince de Harlem

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Chronique de Isabelle Réty

Librairie Gwalarn (Lannion)

Mikaël Thévenot, l’auteur de Flow, un diptyque fantastique également paru aux éditions Didier Jeunesse, change totalement d’univers et nous embarque cette fois dans le Harlem de la fin des années 1920, au son du jazz et du saxophone de Sonny.

« J’étais déjà noir à l’époque, et ma mère aussi. Et comme tous nos voisins. Ainsi que le reste de Harlem. En 1927, les couleurs de peau étaient particulièrement bien rangées. » Le « Petit Prince de Harlem », c’est Sonny, bientôt 14 ans. Il sait lire, écrire et décide que ce bagage est suffisant pour s’en sortir dans la vie. Il veut travailler et aider sa mère qui se ruine la santé pour un salaire de misère. Lorsque l’opportunité de vendre des billets de loterie clandestine s’offre à lui, il n’hésite pas. L’époque, avec les différents gangs qui règnent en maîtres absolus à Harlem, est dangereuse. D’autant qu’il y a cette frontière invisible entre noirs et blancs que Sonny ne doit en aucun cas franchir. Mais Sonny n’a pas froid aux yeux et la tentation de franchir cette ligne jaune pour élargir sa clientèle est très forte. Un soir, sur le toit de son immeuble, retentit une mélodie, un son qui le bouleverse. Il fait la connaissance de Charlie, un saxophoniste qui va l’initier à la musique. Sa mère lui offre alors le saxophone de son père décédé et il comprend pourquoi cette sonorité l’a ému à ce point. Sonny se révèle un élève très doué. Entre les gangs et la musique, guidé par Charlie, Sonny doit faire un choix. Mikaël Thévenot est musicien et cela se sent dans son écriture. Malgré la noirceur de l’époque, en dépit des difficultés de la vie, ce récit rythmé par la musique est lumineux, empreint d’entraide, d’humanité et d’amour : l’amour de Sonny pour sa mère, son attachement à ses plus jeunes voisins, l’affection réciproque entre Charlie et Sonny… Dès les premières pages, j’ai senti que j’allais adorer ce gamin !

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