Jeunesse

Pascale Quiviger

À la découverte de Pierre d’Angle

L'entretien par Isabelle Réty

Librairie Gwalarn (Lannion)

Le quatrième et dernier volume de la série fantastique Le Royaume de Pierre d’Angle, aux éditions du Rouergue, arrive enfin en librairie ! À cette occasion, son auteur, Pascale Quiviger, a bien voulu répondre à quelques questions au sujet de cette fabuleuse saga et de ses personnages.

 

 

Dans le premier volume, nous faisons la connaissance de Thibault, héritier du Royaume de Pierre d’Angle. Parti en mer depuis deux ans, il embarque Ema, une passagère clandestine. Pouvez-vous nous présenter ces deux personnages ?

P. Q. - Thibault est généreux, impulsif, charmant et curieux. Comme il se questionne sur la légitimité de ses privilèges, il les utilise pour promouvoir l’équité. Il en vient à prendre des risques énormes, physiquement et mentalement. Thibault a été fascinant à raconter parce que les circonstances l’ont transformé en accéléré sans jamais lui enlever sa cohérence. Ema est une fugitive qui survit à une enfance terrible. Son intelligence pragmatique ne s’embarrasse d’aucune illusion. Chez elle, le courage est un état de fait et la résilience, un mode de vie. Parce qu’elle est farouche de nature, elle a été beaucoup plus difficile à cerner pour moi. J’ai dû la chercher, l’attendre et la voir lentement s’approcher.

 

À la fin du tome 1, des nuages noirs s’amoncèlent sur Pierre d’Angle. Sans trop en dévoiler, pour celles et ceux qui découvriraient la série, pourriez-vous nous dire ce que représente ce Royaume neutre et bienveillant pour son peuple ?

P. Q. - Pierre d’Angle a été fondée par un prince exilé pour avoir refusé son trône par amour. Aux gens qui l’accompagnaient, il proposait une aventure collective sur une terre rude et difficile d’accès. La société qui en résulte est robuste, solidaire, armée d’humour et de bon sens, et sa gouvernance reflète les mêmes caractéristiques. Il y a une confiance mutuelle entre le peuple et ses dirigeants, et une illusion d’éternité à leur relation. Mais tout équilibre social est fragile si on le tient pour acquis.

 

Dans cette saga fantastique, il est grandement question de la place des femmes dans la société et dans la gouvernance. Quelle importance a ce sujet pour vous ?

P. Q. - Une importance capitale ! Ce n’est pas tant la femme en tant que telle que j’aimerais voir à la tête de nos sociétés actuelles, mais plutôt un principe féminin (qu’on trouve aussi chez bien des hommes). La crise climatique qui s’amorce pourrait faire s’effondrer tous nos repères. Je crois que nous courons à la catastrophe si nous demeurons obsédés par le pouvoir, le profit et la compétition matérialiste, plutôt que de nous laisser guider par la compassion, la générosité et le souci de protéger la vie sous toutes ses formes.

 

Au sud de l’île existe un territoire hostile, une forêt impénétrable : la Catastrophe, au cœur de la malédiction de Pierre d’Angle. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette forêt ?

P. Q. - Le rapport entre la forêt et le royaume symbolise notre fonctionnement psychique. Si on compare l’île à une personne, la forêt représente son subconscient. Quand on cherche à oublier les événements traumatiques de notre passé, ils trouvent inévitablement des manières de revenir nous hanter. Le peuple de Pierre d’Angle est appelé vers sa propre guérison d’une façon violente et de plus en plus implacable. Il doit trouver le moyen de résoudre sa propre énigme.

 

Le monde de Pierre d’Angle est foisonnant, dense, riche et regorge d’une multitude de personnages hauts en couleur. L’humour également n’est jamais bien loin. Comment avez-vous travaillé ?

P. Q. - Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir travaillé ! Pierre d’Angle est ma première incursion dans la littérature de l’imaginaire et je l’ai vécue comme une grande bouffée de liberté. Ce monde s’est développé de lui-même, sous mes yeux, dans tous ses détails. J’avais d’ailleurs du mal à me concentrer sur quoi que ce soit d’autre. En revanche, j’ai beaucoup revisité le texte. Je l’ai poli, émondé, resserré, simplifié. J’ai lu et relu pour m’assurer d’être allée au bout de l’évolution des personnages et d’avoir fourni à chacun son propre langage.

 

Avec ce quatrième et dernier volume, nous quittons Pierre d’Angle des images plein la tête. Travaillez-vous actuellement sur une autre série ?

P. Q. - Je suis actuellement prise par deux projets très différents l’un de l’autre. Le premier est un roman pour adultes, réaliste et plutôt cru. Le second met en scène deux des personnages de Pierre d’Angle, ailleurs dans le monde.

 

 

À propos du Royaume de Pierre d’Angle

Pierre d’Angle est un royaume fondé sur une île par un prince en exil. Les rois qui s’y sont succédé ont réussi à faire de cette terre âpre un royaume neutre et bienveillant pour leur peuple. Mais à la mort du roi Albéric, Pierre d’Angle vacille et connaît des heures sombres. Parti depuis deux ans à bord de son bateau l’Isabelle, le Prince Thibault, héritier de Pierre d’Angle doit rentrer pour assumer ses nouvelles fonctions de roi. Cette série fantastique absolument magnifique est non seulement riche en rebondissements et en personnages hauts en couleur, mais elle interroge aussi sur la place de la femme dans la société et dans la gouvernance.