Jeunesse

Jennifer Brown

Hate list

illustration

Chronique de Isabelle Réty

Librairie Gwalarn (Lannion)

C’était une liste, juste une liste débutée à l’issue d’une mauvaise journée. Une mauvaise journée de plus. Personne ne devait mourir. Pourtant, six personnes sont mortes, d’autres ont été blessées plus ou moins grièvement parce que, ce jour-là, Nick a ouvert le feu, prenant pour cibles les personnes de la liste.

Le 2 mai 2008, Valérie Leftman, 16 ans, arrive au lycée avec son petit ami Nick Levil, lorsque ce dernier sort un pistolet et ouvre le feu sur des élèves dans la cafétéria du lycée. Valérie tente de s’interposer pour arrêter le carnage et sauver une élève que Nick met en joue. Elle prend une balle en pleine cuisse. Nick se donne la mort juste après. Grièvement blessée, elle passe la fin de l’année scolaire et l’été à l’hôpital, puis chez elle. Elle apprend très vite que tout est parti d’une liste qu’elle avait commencé à dresser dans un carnet, un jour où tout allait de travers, pour évacuer ses frustrations. Dans cette liste hétéroclite de gens et de choses qu’elle détestait, se trouvaient pêle-mêle des noms de camarades de classe, l’algèbre, les problèmes de couple de ses parents, les devoirs… Cette liste, elle l’a partagée un jour avec Nick, et peu à peu ils l’ont complétée. Leur histoire d’amour a réellement débuté à ce moment-là. Nick et Valérie, les deux parias du lycée victimes de moqueries et de brimades. À la rentrée de septembre, Valérie doit retourner au lycée et affronter le regard de ceux qui la tiennent non pas pour une victime, mais pour une coupable. Hate list n’est pas à proprement parler un livre sur une fusillade dans un lycée, mais bel et bien l’histoire de Valérie, ce qu’elle fait pour surmonter le drame et continuer à vivre malgré tout. Elle tente de rassembler les pièces du puzzle et de répondre à la montagne de questions qu’elle se pose. Pourquoi n’a-t-elle rien vu venir ? Comment cette liste, qui semblait anodine, a-t-elle servi de point de départ à la folie de Nick ? Est-elle réellement coupable ? Complice ? Doit-elle admettre une part de culpabilité et demander pardon ? Peut-elle encore avoir sa place dans l’après fusillade ? Pourra-t-elle un jour oublier Nick ? Aidée par le psychiatre qui la suit, elle avance à tâtons, pense qu’elle n’aura jamais la force et est à deux doigts de renoncer à plusieurs reprises. Une aide inattendue viendra pourtant d’une de ses camarades de classe qui faisait partie de la liste de la haine. Cette main tendue, qu’elle va tout d’abord refuser puis mettre du temps à accepter, l’aidera à répondre à bien des questions et à se reconstruire. Hate List fait partie de ces romans noirs qui peuvent déranger ou mettre mal à l’aise, mais dont la narration est si bien conçue qu’on le lit presque en apnée, de façon compulsive. Un de ces romans qui ne laissent pas indifférent et dont on se souvient.

Les autres chroniques du libraire