Polar

Michel Bussi

On la trouvait plutôt jolie

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Chronique de Manuel Hirbec

Librairie La Buissonnière (Yvetot)

Avec ce nouveau roman très attendu, Michel Bussi projette le lecteur dans un espace méditerranéen diffracté, reflet des enjeux les plus contemporains. Un pari romanesque aussi osé que réussi, mené par un orfèvre de l’intrigue.

Empruntant son titre à celui d’une célèbre chanson de Pierre Perret, le nouveau roman de Michel Bussi explore la question migratoire dans l’espace méditerranéen. Celle que l’on trouve plutôt jolie, c’est Leyli. Elle vit à Port-de-Bouc, à proximité de Marseille, travaille comme femme de ménage dans un hôtel et réside dans un immeuble, entourée de ses enfants, dont la très belle Bambi. Quand, à quelques jours d’intervalle, deux hommes d’âge mûr sont, chacun leur tour, retrouvés morts dans des chambres d’hôtel thématiques, aux décors sahariens et orientaux, poignets ligotés aux barreaux du lit et veines proprement ouvertes, les soupçons se portent vers une étrange jeune fille s’exhibant sur le web sous le doux avatar de Bambi. Une troublante coïncidence qui dirige et resserre l’enquête autour de Leyli et ses enfants. Mais les apparences sont trompeuses. Michel Bussi joue à merveille de ces espaces virtuels, abîmes de mensonges et de tromperies, et s’empare en orfèvre de ces espaces géographiques qui se ressemblent et se confondent, lissant le monde jusqu’à effacer toute singularité. En ressort d’autant plus d’indéniables vérités, à commencer par la violence faite aux femmes et aux hommes migrant d’une rive à l’autre de la mer méditerranée, autant victimes d’avides et crapuleux passeurs que de l’hypocrisie ambiante des pouvoirs en place. D’un roman à l’autre, le très populaire Michel Bussi se réinvente et se renouvelle pour le plus grand plaisir du lecteur, mystifié de bout en bout par une intrigue subtilement menée, emporté par des personnages attachants, hauts en couleur et non sans humour, le tout conduit par une narration riche et vivement rythmée. En osant s’emparer d’enjeux éminemment contemporains, sans jamais se départir de son objet romanesque, Michel Bussi remporte haut la main son pari.