Polar

Benjamin Stevenson

Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu'un

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Chronique de Juliet Romeo

Librairie La Madeleine (Lyon)

Dans ce formidable whodunit contemporain, Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un, Benjamin Stevenson balade ses lecteurs et offre un véritable jeu de piste aux amateurs du genre.

Notre héros se nomme Ernest Cunningham ou Ern pour les intimes. Intimes, nous le deviendrons à coup sûr après plus de 400 pages vécues ensemble. Comme dans tous bons romans policiers, il est admis que nous devons croire Ern sur parole car il est le « détective » de notre histoire, mais également le « détective » défini dans la liste des règles établies par Robert Knox en 1929 et nommées les Dix Commandements pour l’écriture d’un roman policier (que nous retrouverons en introduction). Après tout, nous sommes dans un genre littéraire sérieux où un bon récit ne doit pas être écrit n’importe comment, ni en abusant de certains tours de passe-passe. Bref, chaque membre de la famille d’Ernest, convoqué pour des retrouvailles dans un chalet au cœur de la montagne australienne alors qu’une tempête arrive (hum, hum), a déjà tué quelqu’un, enfin presque, ça dépend un peu. Naviguant entre plusieurs décès, le retour d’un serial killer nommé « la langue noire » et une bataille pour 267 000 dollars australiens, Ernest et ceux qui l’accompagnent ne sont pas au bout de leurs peines. Entrer dans ce roman, c’est aller à la rencontre de la demi-sœur, du frère, de la mère, de la tante, de personnages tous plus frappadingues les uns que les autres. C’est se déplacer sur un plateau de Cluedo en se faisant apostropher par Ernest et ses digressions qui sont autant de révélations pour poursuivre l’enquête. C’est également avoir envie de prendre un calepin, un crayon pour noter qui, où et comment. Et c’est surtout prendre un vrai plaisir à plonger dans un récit à tiroirs qui ne cesse de se réinventer à chaque page. On en ressort le sourire aux lèvres, le cerveau en compote et avec l’impression de s’être bien fait avoir, quand même ! Preuve que le talent de Benjamin Stevenson est d’une efficacité redoutable !

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