Essais

Judith Perrignon

L'Autre Amérique

✒ Juliet Romeo

(Librairie La Madeleine, Lyon)

Dans ce nouvel essai, L’Autre Amérique, Judith Perrignon nous propose d’explorer les mandats présidentiels de Franklin Delano Roosevelt à travers les carnets d’un de ses plus proches amis et secrétaire du Trésor, Henry Morgenthau Jr, et les analyses partagées de plusieurs historiennes et historiens.

Nous sommes en 1933. Les États-Unis traversent une crise financière catastrophique avec près de 25% de la population au chômage, des banques en faillite, des tensions autour des discriminations raciales. Un constat qui n’est pas sans rappeler le constat fait par Donald Trump lors des deux élections qu’il a remportées. Pourtant, à presque un siècle d’écart, les réponses apportées par les deux présidents sont diamétralement opposées. Alors que Donald Trump se fait l’ami des finances et du capitalisme, Franklin Delano Roosevelt, au cours de ses quatre mandats, n’a eu de cesse de lutter contre le capitalisme et la montée des extrêmes. Judith Perrignon retrace douze années de mandats présidentiels à travers les notes de Henry Morgenthau Jr, secrétaire du Trésor et ami du président. Ces notes (qui représentent quelque 800 entrées dans leur intégralité) servent de marqueurs chronologiques pour suivre l’avancée de la pensée politique de Roosevelt. Mais l’autrice se sert également des discours, notamment les « causeries au coin du feu », ces instants radiophoniques où Roosevelt parlait aux Américains. Ainsi, nous suivons la politique du New Deal, les discussions sur l’Allemagne d’Hitler, les questionnements sur une entrée en guerre en Europe et l’isolationnisme voté par le Congrès, la création des Nations Unies. Le président Roosevelt croyait en la justice sociale, une conviction qui va l’amener à mettre en place la plupart des droits sociaux américains comme un système de sécurité sociale, un système de retraites, la mise en place des syndicats, pour n’en citer que quelques-uns. Une conviction qui va aussi l’amener à aider l’Europe des alliés pendant la Seconde Guerre mondiale et à trouver des solutions pour sauver le peuple juif de l’extermination par l’Allemagne nazie. Mais, au milieu des discours et négociations politiques, nous suivons aussi le parcours personnel d’un président atteint d’une poliomyélite, n’apparaissant presque jamais en photo, épaulé au quotidien par Eleanor Roosevelt qui va tracer sa propre route politique en luttant pour les droits civiques. Jusqu’à sa mort en 1945, véritable deuil national pour les Américaines et Américains. Si nous devions ne retenir qu’une phrase du président Roosevelt, ce serait certainement celle-ci : « Nous savons maintenant que le gouvernement des milieux financiers est aussi dangereux qu’un gouvernement mafieux ». Terrible à se remémorer aujourd’hui, alors que les États-Unis sont gouvernés par un Donald Trump issu de ces milieux financiers.

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