Beaux livres

Vincent Treussier , Céline Dubourg Treussier

500 jours à vélo

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Chronique de Christelle Chandanson

Librairie Elkar (Bayonne)

Nous rêvons à demain, quand nous pourrons revivre plus librement, et retrouver une vie sociale, nomade et culturelle. En attendant, nombreux d’entre nous s’appliquent à valoriser les petits bonheurs du quotidien. Mais à bien y regarder, est-ce si grave d’être malheureux dans notre situation actuelle ?

Ah, aujourd’hui, être malheureux semble être honnit. Dans de nombreux ouvrages de développement personnel, de philosophie, de spiritualité, on nous donne mille et un conseils pour vivre dans le bonheur. On vous a déniché son contraire. En tout cas, c’est ce que propose l’étonnant livre du Dr Dick De Wachter dans L’Art d’être malheureux. Parce finalement, quand on vit des périodes malheureuses, on sort plus facilement de la dynamique de la réussite et du rythme effréné du quotidien. En nous invitant à reconsidérer le chagrin, la tristesse et les obstacles de la vie, le psychiatre belge donne de nouvelles perspectives de liens. Partager sa tristesse, montrer sa vulnérabilité ouvre à l’autre et fait relation. Le malheur nous pousse « à nous rapprocher, et cette proximité nous apporte du bonheur ». Et bien plus encore, car en se laissant envahir et toucher par la réalité du monde et l’injustice de la vie, on trouve l’élan pour agir et s’engager. Cet opus a de quoi vous surprendre tant dans son contenu que dans sa forme, laissez-le vous déculpabiliser d’être (un petit peu) malheureux...

Autre exemple d’expérience de vie loin des clichés du bonheur parfait. Faire le tour du monde en vélo, avec deux jeunes enfants, c’est le défi épatant que la famille Treussier relate dans 500 jours à vélo. Céline et Vincent ont entrepris une traversée de l’Europe et l’Asie, soit plus de 13000 km. Imaginez un voyage avec deux jeunes enfants, de 2 et 4 ans : ce n’est pas une sinécure… Les vacances sont très vite oubliées, c’est du sport : le mauvais temps, les routes inadaptées au vélo, les crevaisons, les pentes à plus de 10 % quand on est chargé. Mais leur aventure, c’est aussi trouver tous les soirs un endroit où dormir, calmer les enfants, qui après une journée en carriole, ont de l’énergie à revendre, l’épidémie de Covid-19… Bref partir ce n’est pas reposant. Affrontant de face les imprévus et les angoisses du voyage, ces baroudeurs gardent la force de continuer. Et ils nous montrent comment dans leur récit de voyage et dans les magnifiques photos qui les accompagnent. Ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure, apporte les plus grandes des récompenses. Une rencontre, un sourire, une main tendue, un paysage font vite oublier les bévues et la fatigue physique. C’est la spécificité du slow travel, et encore plus du voyage à vélo. Voilà de quoi donner des idées à nos mollets cet été…

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