Littérature étrangère

Anne Jacobs

La Villa aux étoffes

illustration

Chronique de Audrey Dubreuil

Librairie Ellipses (Toulouse)

Vous vous languissez après avoir terminé les huit volumes de La Chronique des Bridgerton (J’ai Lu) ? Et alors que les vacances d'été approchent à grands pas, vous angoissez à l'idée de n'avoir rien à vous mettre sous la dent pour occuper vos moments de farniente ? Pas d'inquiétude : j'ai la solution !

Anne Jacobs nous offre, avec La Villa aux étoffes, une saga familiale et historique comme on les aime, pleine de personnages qui s'aiment et se déchirent, d'épreuves à surmonter et de secrets de famille. L'histoire débute en 1913, à Augsbourg, en Allemagne. Marie est une jeune orpheline embauchée comme femme de cuisine dans la somptueuse villa de la famille Melzer, riches industriels propriétaires d'une usine de textile. La jeune fille, au caractère bien trempé, a du mal à se faire une place au sein de la domesticité alors même que toute la maison est en émoi à l'approche de l'ouverture de la saison des bals. En effet, Katharina, l'une des filles de la famille, doit faire son entrée dans le monde. Seul son frère Paul, héritier de la fortune familiale, semble à mille lieues de cette effervescence... jusqu'à ce qu'il fasse la connaissance de Marie. Bien sûr, me direz-vous, tout cela semble un peu trop évident à qui aime ce genre de saga : l'orpheline sans le sou et le fils de bonne famille ! Allons, allons, ne boudez pas votre plaisir et surtout ne vous fiez pas aux apparences car, en cette année 1913, l'orage gronde en Europe et les Metzler ne seront pas épargnés. Et si l'on partage leurs hésitations sur la couleur d'une toilette ou le choix du menu pour épater les invités d'une soirée à venir, on supporte aussi avec eux les nombreuses épreuves qu'ils devront traverser pour maintenir l'usine à flot. Et derrière les romances qui se nouent, les questions sociales se font jour. L'auteure analyse les relations qu'entretiennent employeurs et employés, s'interroge sur les conditions de travail de ces derniers et sur la misère sociale qui gangrène toute cette première moitié du XXe siècle. Parce qu'elle accorde autant de place aux puissants qu'aux petites gens, elle nous offre une galerie de personnages auxquels on s'attache et que l'on prend plaisir à voir évoluer. Elle prend également le temps de nous immerger dans le quotidien de chacun, de poser le décor d'un lieu et d'une époque pour ensuite dérouler l'écheveau d'événements qui nous emportent dans la tourmente de l'Histoire avec un grand H. Et c'est un angle assurément original pour nous, lecteurs/lectrices de sagas so british, que celui de partager le quotidien d'une famille de la bonne société allemande et des gens qui sont à son service. Autant d'excellentes raisons, donc, de plonger sans hésiter dans cette délicieuse saga et de vous laisser (em)porter.

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