Littérature étrangère

Jonathan Cott

Rencontres avec John et Yoko

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photo libraire

Chronique de Olivier Renault

Librairie La Petite lumière (Paris)

Mai 68. Alors que le monde occidental connaît des convulsions révolutionnaires, de Mexico au Printemps de Prague, en passant par les pavés de Paris, à Londres une autre révolution est en marche : une rencontre amoureuse va changer l’histoire de la musique.

John Lennon est devenu une star planétaire avec les Beatles. Yoko Ono galère un peu dans l’avant-garde, même si elle a fréquenté le groupe Fluxus, est amie de John Cage, et Andy Warhol. John dira de Yoko qu’elle est « l’artiste inconnue la plus célèbre au monde ». Ils se sont déjà croisés lors de vernissages, le charme opère doucement avant d’exploser comme les bourgeons de Mai. Rencontre décisive : c’est la mort programmée d’un groupe mythique (peut-être le plus important des groupes rock de tous les temps), mais la naissance d’un couple qui ne le sera pas moins. L’un des témoins privilégiés de cette histoire est Jonathan Cott, alors rédacteur en chef pour Rolling Stone Europe. La première rencontre entre Cott et le couple, en septembre 1968, tourne court lorsque John doit partir enregistrer avec les Beatles. Échec ? Au contraire : John l’invite à venir avec Yoko au mythique studio d’Abbey Road… Déjà, une expérience inoubliable. Puis le lendemain, John est décontracté malgré les deux heures de sommeil (les Beatles ont enregistré toute la nuit), Yoko se recouche. C’est le début d’un dialogue, d’une entente et d’une amitié. Pendant la décennie suivante, Cott deviendra un ami du couple, enregistrant de nombreuses entrevues, dont celle, émouvante, terrible, donnée par John le 5 décembre 1980, trois jours avant son assassinat. Ensemble, ils écoutent de la musique, John affine ses positions, s’affranchit de l’image que l’on veut lui plaquer. Entre colère et humour. C’est passionnant à lire, intelligent, sensible. Cott, auteur d’entretiens importants avec Dylan ou Glenn Gould notamment, est un personnage en soi, l’un des rares qui sache penser l’entretien comme forme, et une façon de faire « accoucher » son interlocuteur par la patience, l’écoute, l’empathie. Vite, foncez, lisez, écoutez.