Littérature française

Philippe Rahmy

Béton armé

photo libraire

Chronique de Olivier Renault

Librairie La Petite lumière (Paris)

Béton armé : ironie cinglante du titre – puisque son auteur souffre de la maladie des os de verre –, regard tourné vers l’armature de cette mégapole déroutante qu’est Shanghai. Cette « ville en soi », aussi archaïque que préfiguration des cités du futur, n’est pas sans dangers pour le poète invité en résidence. Il y plonge pourtant, tente de déchiffrer cette énigme qui renvoie vers soi et les autres : « Le plan d’une ville est une coupe du cerveau de l’humanité ». Spectacle permanent (mouvement brownien des individus dans la foule, personnages sortis comme d’une hallucination), souvent improvisé (cette étonnante scène de la chanteuse de rue), « pulsation de la matière », ville « traversée par un remous sensuel et magnétique ». En anamorphose, le poète revoit aussi son enfance, ses blessures, ses lectures : « Ces livres (Sade, Sacher-Masoch) sont aussi devenus mon corps ». Fort, sensible, aigu et implacable.

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