Littérature française

Raphaël Enthoven

L'Albatros

✒ Nicolas Mouton

(Librairie Le Presse papier, Argenteuil)

Aussi pure soit-elle, devant l’inéluctable maladie, la beauté devient une proie. Au centre de la vie, la musique et les livres transcendent la faiblesse, la maladresse, le rapport au temps et mènent une bataille d’autant plus précieuse qu’elle semble perdue d’avance. Que peut un piano contre Parkinson ? Empruntant à Baudelaire, L’Albatros propose un très émouvant hommage de Raphaël Enthoven à sa mère, la philosophe et pianiste Catherine David. La pianiste, semblable « au prince des nuées » et le lecteur de Proust en proie au sentiment de l’abandon s’accordent en dialogues, remémorations et méditations, autant musicales que philosophiques. « En lisant ma mère, je suis lecteur de moi-même. » Impossible de résister au charme de cette amoureuse de Chopin, Schubert ou Schumann, qui voit d’abord sa main gauche l’abandonner, et à laquelle son fils offre une magnifique rencontre posthume avec Vladimir Jankélévitch ! L’irréversible et la nostalgie. L’ineffable frisson.

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