Sciences humaines

Gilles Deleuze

Sur la peinture

✒ Lyonel Sasso

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Il faut d’abord souligner le tour de force éditorial. Car il est difficile de retranscrire une parole sans la trahir, à un moment ou à un autre. Équilibre fragile donc. Un grand merci à David Lapoujade qui a su orchestrer l’ensemble de ces « poteries saoules », comme le disait Huysmans de la peinture de Cézanne. D’emblée, Gilles Deleuze déstabilise en prônant que c’est la peinture qui a quelque chose à apporter à la philosophie. Et de poursuivre sur la notion de « catastrophe ». Pour illustrer ce thème, il prend pour exemple les tempêtes de Turner. Vibre dans l’explication de Deleuze, la pulsion du chaos qui engendre parfois la forme, l’idée. Et vogue, ensuite, sur une nef des fous qui prend à son bord Michel-Ange, Paul Klee, Van Gogh ou encore Delacroix. À noter encore ses mordantes considérations sur la couleur qui lui fait dégager deux totems : la couleur-structure et la couleur-poids. On retrouve là la géniale improvisation deleuzienne qui surgissait au fil de cette belle voix à bout de souffle. C’est une lecture qui nous fait tout à fait entendre que « l’œil écoute », comme le disait justement Paul Claudel.

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