Littérature étrangère

Manuel Vilas

Les Baisers

photo libraire

Chronique de Lyonel Sasso

Librairie Dialogues (Morlaix)

Quitter Madrid pour la campagne. Profiter d’un moment de vertige – une pandémie mondiale – pour mieux aller à la rencontre de soi-même. C’est avec ces esquisses que Manuel Vilas dresse le portrait de Salvator. Un retraité de l’enseignement qui, pour mieux faire passer ses heures lentes, emporte dans son lieu de villégiature deux pavés : la Bible et Don Quichotte, lectures d’île déserte partiellement éclipsées par la courbe d’une lèvre. Car Manuel Vilas est un pointilliste : chez lui, un micro détail fait dévaler la narration. Cette bouche instantanément aimée et admirée est celle de Montserrat. Caissière dans la petite supérette d’un village voisin, elle devient le sel de la vie pour Salvator. Manuel Vilas creuse donc le sujet du désir au moment où le monde entier n’avait envie de rien. C’est encore un livre prodigieux que signe Vilas. Il est, à l’instar de Pedro Almodovar, un styliste des souvenirs. Un parfum, une tortilla à déguster ou la finesse d’une cheville : tout cela l’amène à parler avec poésie et couleur. L’envie d’écrire et de continuer à aimer et donc de vivre sont les constellations qui illuminent ce récit.

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