Littérature étrangère

Edna O'Brien

Femmes de Joyce

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Chronique de Lyonel Sasso

Librairie Dialogues (Morlaix)

Quoi de plus pénétrant que des voix de femmes pour raconter un homme ? Ce chœur féminin, troublant et entêtant, se compose de six figures. Il y a May, la mère de l’écrivain, et sa femme, l’éternellement charnelle Nora. Puis Lucia Joyce, leur fille, Brigitte Zimmermann, leur logeuse à Zurich, Martha Fleischmann, une amoureuse, mais aussi Miss Weaver, une mécène bienvenue. Ce monde féminin ressemble intimement à la passion que voue Edna O’Brien à James Joyce. Chacune de ces femmes est Edna. C’est sans doute ce qui rend cette pièce de théâtre si brûlante, si sensuelle aussi. O’Brien enlace la prose Joycienne, fusionne avec cette langue dans un baiser bouleversant. Un adieu ? Un retour ? Qui sait ? Le portrait de Joyce n’échappe pas aux jugements, aux diverses amertumes. Le spectre de May Joyce, sa mère, est superbement shakespearien. La crudité cavale avec la poésie pure : on n’est pas près d’oublier certains dialogues. Ailleurs, les collages des textes de Joyce se mêlent à la créativité d’Edna O’Brien. On appelle cela un feu d’artifice.

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