Littérature française

J.M. Erre

Les autres ne sont pas des gens comme nous

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Chronique de Arnaud Bresson

Librairie Sauramps Comédie (Montpellier)

Jean-Marcel Erre nous revient au meilleur de sa forme dans ce nouveau roman à l’ironie toujours aussi mordante, galerie de personnages hauts en couleur et tellement différents de ce que nous sommes !

Après l’excellente parodie de roman de développement personnel, Le bonheur est au fond du couloir à gauche, J. M. Erre accouche d’un nouvel ouvrage drolatique construit autour de portraits d’individus improbables créés par le personnage principal et narratrice, Julie, tétraplégique à l’esprit taquin. En ces temps compliqués pour les créateurs, où il semble difficile d’interpréter un rôle loin de soi sans s’attirer les foudres de certains, il ose, en tant qu’auteur, se mettre dans la peau d’une jeune fille en situation de handicap, imaginer ses états d’âme, se moquer d’elle-même. Il aborde d’ailleurs le sujet dans les premières pages, toujours avec son second degré décapant. Cette narratrice espiègle interpelle le lecteur, le prend à partie en tant que valide portant un certain regard, pas forcément bienveillant, sur son infirmité. Elle écrit et invente des histoires pour sortir de ce corps vécu comme une prison. Les personnages semblant sortir de son imagination et composant cet ouvrage sont précédemment apparus dans des nouvelles publiées dans le magazine Fluide Glacial dont J. M. Erre est un collaborateur régulier. Ils sont ici complètement retravaillés pour former un ensemble disparate et néanmoins cohérent avec Julie, l’apprentie écrivaine, et sont le fil rouge de ce récit. Faisant de nombreux clins d’œil à ses lecteurs (ou peut-être est-ce le signe d’une très grande mégalomanie ?!), l’auteur convoque malicieusement certains personnages, intrigues ou lieux de ses précédents romans. Et le lecteur se surprend à rire, parfois même aux éclats, à la lecture de ces tranches de vie improbables. Il semble qu’une véritable œuvre cohérente, dotée d’un style et d’un univers propres, est en train de se construire sous nos yeux ébahis !

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