Beaux livres

Le sport fait des histoires

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Par Arnaud Bresson

Librairie Sauramps Comédie (Montpellier)

Difficile de passer à côté de l’événement sportif mondial de l’année ! Je veux bien évidemment évoquer cette trente-troisième olympiade qui aura lieu à Paris cet été. Il était donc incontournable d’évoquer le meilleur du sport ainsi que l’implication du monde moderne dans ces événements sportifs.

Pierre de Coubertin, accompagné du Grec Dimitrios Vikelas, a conceptualisé les Jeux olympiques modernes pour créer, à l’heure de la montée des nationalismes en Europe, un succédané à la guerre en proposant à des athlètes représentant leur nation de s’affronter dans différentes disciplines sportives. Depuis quelques décades, chaque olympiade est l’occasion de la publication d’un bel ouvrage contant par le détail ces manifestations jalonnant les XXe et XXIe siècles. Olympisme, Une histoire du monde ajoute une pierre à cet édifice éditorial. Mais il se distingue nettement de ses prédécesseurs. Dans cet ouvrage, catalogue de l’exposition du Palais de la Porte Dorée, les nombreux contributeurs sont des historiens. C’est là, au-delà de sa très riche iconographie, le grand intérêt de l’ouvrage. Les auteurs ont replacé chaque olympiade dans le contexte historique qui l’accompagne et avec lequel elle est entièrement en lien. Car force est de constater que, malgré l’esprit olympique qui se veut indépendant des événements géopolitiques dont il est le contemporain, l’olympisme moderne est constamment aux prises avec la politique mondiale, depuis les jeux de la réconciliation de 1920 jusqu’aux attentats et boycotts successifs liés à la guerre froide dans les années 1970. Cette imbrication entre Jeux olympiques et évolution politique, économique et sociale du monde se retrouve également dans Petit traité du geste de Thierry Grillet, dans lequel l’auteur célèbre quelques gestes célèbres qui ont révolutionné leur sport. Il évoque le saut en hauteur de Dick Fosbury qui fut le premier à sauter sur le dos dans une grande compétition internationale, à savoir les JO de Mexico en 1968, pour gagner la médaille d’or, exploit que l’auteur présente comme un geste hippie lié aux événements se déroulant à cette période. D’autres gestes furent également, sans le concevoir en amont, des symboles politiques et sociétaux, comme la Panenka, du nom du footballeur tchèque l’ayant inventée en finale du championnat d’Europe de 1976, en pleine guerre froide, devant les caciques du Parti : geste fou et empreint de liberté que son auteur qualifia lui-même de non-conformiste. À travers les différents chapitres de l’ouvrage, c’est une véritable déclaration d’amour pour les gestes sportifs que l’essayiste dévoile ici, sans négliger le contexte historique dans lequel ils ont été faits. Ces deux ouvrages si différents dans leur forme nous font la démonstration éclatante que le sport est, au-delà de sa philosophie initiale, un miroir de la société dans laquelle il évolue.