Polar

Jean-Bernard Pouy

Tout doit disparaître

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Chronique de Jean-Marie David-Lebret

Librairie Lo Païs (Draguignan)

Pour ceux qui connaissent Jean-Bernard Pouy, ce livre est à la fois un volume collector, une façon de (re)découvrir ses courts romans et de se délecter d’une langue propre à son talent unique, voire un beau cadeau à offrir. Ceux qui ont la chance de ne pas le connaître vont passer un long moment de divine lecture. Pouy, auteur d’une centaine de romans noirs (onze à la « Série noire »), directeur et créateur de collections – dont « Le Poulpe » –, a marqué les années 1980 et 1990. Drôle et subversif, il défend, dans une langue qui puise sa force et sa vivacité dans les jeux verbaux et autres clins d’œil, une culture populaire et irrespectueuse. Les détournements littéraires l’inspirent. Oulipien, il s’amuse à glisser des contraintes inattendues dans ses romans. C’est en 1984 qu’il entre à la « Série Noire » avec Nous avons brûlé une sainte, roman où il imagine la rencontre entre Jeanne d’Arc et Rimbaud. Son héroïne hait les Anglais depuis qu’elle a été violée et fomente une vengeance. La Pêche aux anges (1986), inspiré d’un fait divers, est centré sur des enlèvements d’enfants et divisé en vingt-six chapitres, chacun commençant et se terminant par une même lettre. L’Homme à l’oreille croquée (1987), récit d’initiation d’un jeune garçon aplati contre une jeune femme après un accident de train, joue sur les cinq sens. Provocateur, Le Cinéma de papa (1989) est tendu vers la recherche d’un film pornographique qu’aurait tourné Trotski. Enfin, RN86 (1992) raconte la quête désespérée d’un homme à la recherche de son épouse disparue dans le Gard. Jean-Bernard Pouy s’amuse à éclater les structures narratives traditionnelles du genre, tout en fournissant des récits qui respectent le désir et le plaisir du lecteur. Émotions garanties et beaucoup d’intelligence entre les lignes. Mille pages qui impressionnent.

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