Jeunesse

Sarah Crossan

Inséparables

  • Sarah Crossan
    Traduit de l'anglais par Clémentine Beauvais
    Rageot
    17/05/2017
    432 p., 14.90 €
  • Chronique de Madeline Roth
    Librairie L'Eau vive (Avignon)
  • Lu & conseillé par
    24 libraire(s)
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Chronique de Madeline Roth

Librairie L'Eau vive (Avignon)

Grace et Tippi sont deux sœurs siamoises. Elles ont deux têtes, deux cœurs, quatre bras, deux jambes. On ne leur donnait que quelques mois à vivre, elles s’apprêtent à faire leur première rentrée au lycée, au milieu d’autres élèves. Et ça les terrifie.

« Mais voici mon histoire. / Une histoire qui raconte ce que c’est d’être Deux. / Une histoire qui raconte ce que c’est d’être Une. / Notre histoire à nous. / Et c’est une épitaphe. / L’épitaphe d’un amour. » Inséparables est écrit en vers libres, comme l’était Songe à la douceur, de Clémentine Beauvais (Sarbacane), qui nous offre ici la traduction de ce texte hors normes et bouleversant. Si l’écriture peut dérouter dans les premières pages, très vite la voix de Grace devient un doux poème, léger, aérien. Une somme de petits moments, d’instantanés de vie, drôles, tendres, cruels aussi. C’est le récit de deux sœurs qui vont découvrir l’amitié et l’amour, comme beaucoup d’adolescentes de leur âge, et c’est tout le talent de Sarah Crossan de nous faire vivre l’intensité de ces premières fois en oubliant que la vie peut être parfois affreusement injuste pour qui veut juste vivre, simplement. « Caroline dit, / Vous riez beaucoup. C’est enthousiasmant. / Même dans votre condition, vous dites oui à la vie. / Je ne sais pas trop / ce que je suis censée dire à la vie / à part oui. / Il faudrait que je lui dise non ? » On suit Grace et Tippi dans la découverte du lycée, la violence du regard des autres, pour lesquels les adolescentes sont un monstre, mais aussi la richesse de la rencontre avec Yasmeen et Jon. Il y a aussi leur petite sœur, qu’elles ont surnommé Dragon, qui est « normale », elle, et qui ne rêve que de danser. Il y a surtout la maladie, l’hôpital, la menace sur leur santé. Mais avant tout, il y a la vie, et il y a l’amour. Le premier amour, comme une promesse de bonheur. L’amour comme le vivent les autres gens, comme le vivent les gens normaux. On finit le livre en larmes, porté par cette écriture incroyable et par la pulsion de vie qui bat, tambourine pendant tout le roman.

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