Littérature française

Négar Djavadi

Arène

Chronique de Jean-Baptiste Hamelin

Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu)

L’image est au cœur du deuxième roman de Négar Djavadi, l’image d’un contrôle de police saisie par un portable provoquant l’émotion et le fameux buzz, l’image devenue la monnaie d’échange. Quarante-huit heures de vies malmenées dans un Paris des quartiers populaires prompts au chaos, au soulèvement, où des personnages gravitent sans se croiser réellement. Benjamin Grossman, cadre d’une société de séries fictionnelles, se trouve confronté à ce qu’il, d’habitude, créé. Devenu lui-même bête traquée, héros d’un scénario non maîtrisable, il perd toute capacité de jugement fiable. Son trône vacille, lui le « sang-froid ». Roman addictif, Arène interroge sur cette utilisation de la réalité par les chaînes d’infos et les réseaux sociaux, réalité malmenée puis scénarisée par des experts bien souvent d’opérette afin de tenir l’internaute, le téléspectateur en haleine. Cette image travaillée qui créée alors l’opinion, avant d’être jetée au profit d’une autre. Très actuel. Et Paris devient arène.

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