Chronique Une longue impatience de Gaëlle Josse

- Gaëlle Josse
- Coll. «Notabilia»
- Noir sur Blanc
- 04/01/2018
- 176 p., 14 €
54 libraire(s)
- Lydie Zannini de du Théâtre (Bourg-en-Bresse)
- Caroline Sauvage de La Grande Librairie (Vichy)
- Muriel Gallot de L'Intranquille Plazza (Besançon)
- Emmanuelle George de Gwalarn (Lannion)
- Nathalie Claudel de La Compagnie des livres (Vernon)
- Catherine Le Duff
- Patricia Mériais-Martin de Le Porte-plume (Saint-Malo)
- Marie-Claire Bour de PAGE 10/2 (Vendôme)
- Isabelle Aurousseau-Couriol de de Paris (Saint-Étienne)
- Marie-Paule Bonnaud
- Michèle Germain de ParChemins (Saint-Florent-le-Vieil)
- Bénédicte Férot de La Procure-Tirloy (Lille)
- Frédérique Franco de Le Goût des mots (Mortagne-au-Perche)
- Emmanuelle Barbier-Maître de du Cours (Lyon)
- Marie Hirigoyen de Hirigoyen (Bayonne)
- Céline Gangneux de Murmure des mots (Brignais)
- Bénédicte Cabane de des Danaïdes (Aix-les-Bains)
- Stanislas Rigot de Lamartine (Paris)
- Maïté Blatz de Le Roi livre (Paris)
- Marie-Odile Perrocheau de Agora (La Roche-sur-Yon)
- Françoise Dupuis-Marsal de Le Neuf (Saint-Dié-des-Vosges)
- Julie Bacques de L'Amandier (Puteaux)
- Isabelle Theillet de Les Libraires Volants (Paris)
- Claude Charpentier de Lectures vagabondes (Liffré)
- Jean-Baptiste Hamelin de Le Carnet à spirales (Charlieu)
- Yolande Bastian de de Sarrebourg (Sarrebourg)
- Pauline Fouillet de Livres et vous (Ruffec)
- Anne Lesobre de Entre les lignes (Chantilly)
- Éloïse Boutin de L'Embellie (La Bernerie en Retz)
- Elisabeth Jacquart de scop Le Temps d'un livre (Pontarlier)
- Céline Vignon de Mots et images (Guingamp)
- Christelle Siméon de Publicisdrugstore (Paris)
- Blandine Vincent de des Canuts (Lyon)
- Stéphanie Quentin de MEDIATHEQUE EPERNAY (EPERNAY CEDEX)
- Lydie Baillie de Aux lettres de mon moulin (Nîmes)
- Silvia Galli de Louis Pergaud (ARCUEIL)
- Isabelle Lasne de Gutenberg (Issy-les-Moulineaux)
- Magali Mohamed de Le Pain des rêves (Saint-Brieuc)
- Marina Sauvage de Quai des mots (Épinal)
- Nathalie Prudhomme de Quai des mots (Épinal)
- Valérie Fèvre de La Cabane à lire (Bruz)
- Pauline Kermanach de Livres in room (Saint-Pol-de-Léon)
- Sophie Vuillemard de Les cocottes rousses (Saint-Symphorien-d’Ozon)
- David Guerrinha de CALPE LES PORTES DE L ESSONNE (SAVIGNY SUR ORGE)
- Isabelle Digailliez de L'Oiseau Lire (Visé)
- Laurence Pauliac de Livresse (Villeneuve-sur-Lot)
- Rachel Besnard-Javaudin
- Valérie Schopp de L'Arbre à mots (Rochefort)
- Sylvie Laurent-Farré de INSPECTION ACADEMIQUE DE (GRENOBLE CEDEX 1)
- Caroline Perez de de la place aux Herbes (Uzès)
- Aurélie Bouhours de Au temps des livres (Sully-sur-Loire)
- Alexandra Reinfray de Alfabulle (Melesse)
- Delphine Chartier
- Gaëlle Mingam de Espace Culturel Leclerc (Le Relecq-Kerhuon)
Bénédicte Cabane Librairie des Danaïdes (Aix-les-Bains)
Un magnifique texte sur l’absence et sur l’attente. L’absence d’un fils et l’attente d’une mère. Un adolescent, du jour au lendemain, s’engage dans la marine marchande. Aux yeux du monde, sa mère va continuer à vivre. En réalité, elle ne va cesser de l’attendre. Un peu comme Pénélope attendit Ulysse.
Dans un petit village de Bretagne, Anne Le Floch vit quelques années de bonheur simple avec son mari Yvon et son fils Louis. Les temps sont durs, c’est la guerre (la Seconde), il n’y a pas toujours de quoi manger. Qu’importe, l’essentiel c’est qu’ils sont bien là, tous les trois, ensemble. Et puis, le drame arrive, qui marque la fin des temps heureux. Yvon meurt en mer. Commence alors pour Anne un difficile temps de veuvage. En charge d’un enfant, elle prend le chemin d’une usine à la ville, une conserverie. Et puis la guerre cesse. Étienne Quémeneur, un notable du village, amoureux d’elle depuis l’enfance, l’apprivoise peu à peu et finit par l’épouser. Gabriel arrive, puis Jeanne. Le bonheur. Mais non. Louis, qu’Étienne avait promis d’aimer comme son fils, gêne. Il veut pourtant l’aimer cet enfant qui n’y est pour rien mais qui lui rappelle trop un défunt rival contre lequel il ne peut lutter. Alors, un soir, c’est le geste de trop. Louis a seize ans. Et le roman s’ouvre sur ces mots : « ce soir, Louis n’est pas rentré ». Commence alors une longue, longue attente. Anne, pour la tromper, se met à écrire un journal. Elle y déroule le fil de sa vie. Et puis, elle écrit aussi des lettres qu’elle envoie à son fils, comme on jette des bouteilles à la mer. Un temps, elle a cru que son fils lui reviendrait vite. Elle a enquêté, trouvé le bateau sur lequel il avait embarqué, suivi son trajet et est venu l’attendre à son retour au port. Mais Louis n’y était pas. Et, peu à peu, à chaque arrivée d’un grand cargo où ce fils n’apparaissait jamais, elle a cessé d’y croire sans jamais cessé d’attendre pourtant. Et puis, il fallait bien vivre pour Étienne, son mari vivant, et Gabriel et Jeanne, ses enfants présents. Mais quelque chose s’est brisé en elle. C’est la fin. Et aussi le début de quelque chose d’autre. Tout le long de ce long journal intime et des quelques lettres directement adressées au fils, Gaëlle Josse nous brosse avec justesse, pudeur et talent le portrait de cette femme, de cette mère. Les sentiments exprimés sont intemporels et touchent le lecteur à l’âme. Anne est universelle, un nouveau visage de la Mater Dolorosa. L’écriture est ciselée, rien n’est à ajouter, rien n’est à enlever, tout est dit. À de rares moments, l’auteure a donné la parole à d’autres narrateurs, Étienne ou Louis. Le lecteur se surprend à en vouloir plus de ce côté : creuser les ressentis de ceux-ci et d’autres, comme Gabriel et Jeanne qui ont eu une mère aimante et absente en même temps. Une idée de suite ? En tout cas, ce roman est un petit bijou.