Littérature étrangère

Peter Behrens

Les O’Brien

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photo libraire

Chronique de Sandrine Maliver-Perrin

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Des vastes étendues du Québec au soleil de Californie, de la Grande Guerre aux années 1960, voici une saga familiale captivante.

En 2008, le Canadien Peter Behrens faisait une entrée remarquée en littérature avec un premier roman magistral publié chez Bourgois, La Loi des rêves. Il retraçait le destin du jeune Fergus, devenu orphelin pendant la Grande famine en Irlande, et qui émigrait en Amérique pour s’y construire une nouvelle vie. Dans ce somptueux roman initiatique, Peter Behrens questionnait l’exil et mettait en lumière l’Histoire et le peuplement du continent américain. Six ans plus tard, l’écrivain revient avec un deuxième roman dans la même lignée, intitulé Les O’Brien. Cette ambitieuse saga nous fait découvrir le destin compliqué d’un clan emporté dans la tourmente de l’Histoire, que nous suivons sur quatre générations. Les O’Brien commence au fond de l’arrière-pays canadien en 1887 et met en scène le jeune Joe, petit-fils de Fergus, propulsé chef de famille à la mort de son père. Ambitieux, travailleur et brillant, Joe finit par partir à l’assaut du continent après avoir mis ses frères et sœurs en sécurité. Il monte une entreprise de construction de chemin de fer et rencontre en Californie une charmante orpheline au prénom ô combien romantique, Iseult, indépendante et toquée de photographie. Une famille est fondée et nous verrons grandir les enfants, puis les petits-enfants, de 1912 à 1960, sous l’œil attentif du patriarche devenu richissime. Si l’on regrette que certaines périodes de l’Histoire soient survolées, ce roman reste cependant une belle épopée, le récit d’un mariage, d’une famille et d’un siècle entre tragédies, souffrances et moments de grâce. C’est aussi le portrait d’un homme exceptionnel, attachant jusque dans ses failles, qui n’a de cesse d’œuvrer à l’établissement et au bonheur des siens. Une saga au souffle épique comme on les aime.