Essais

Frédéric Mercier

Les Écrivains du 7e art

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Chronique de Arnaud Bresson

Librairie Sauramps Comédie (Montpellier)

La Politique semble désormais impuissante et sans réponses face aux innombrables crises et épreuves qui secouent nos sociétés. Coïncidence des temps, la sortie simultanée de quatre essais auscultent les racines de ce mal, prennent date de l’échec du politique pour répondre à l’inquiétude grandissante des peuples. C’est là l’amer constat de quatre chercheurs et experts, point de départ d’une pensée où se tente une approche ouvrant de nouveaux champs de réflexions et d’explorations.

Le cinéma s’est, depuis ses origines, nourri de la littérature pour construire les scénarii qui ont fait son histoire. Quand Méliès s’inspire de Jules Verne pour son Voyage dans la lune, composant l’une des premières fictions de la jeune histoire du 7e art, on sent déjà l’attrait que les cinéastes éprouvent pour la littérature et la matière première à en extraire. Inversement, les écrivains voient dans cet art naissant des possibilités nouvelles pour s’exprimer. Dans Les écrivains du 7e art, Frédéric Mercier évoque avec singularité les écrivains qui ont croisé la route du cinéma. Le lecteur découvre les nombreux projets, avortés ou non aboutis, de ces monstres de la première moitié du xxe siècle, Romain Rolland, André Gide, Louis-Ferdinand Céline, ou encore Antonin Artaud. Il est étonnant de voir ces écrivains, évidemment sensibles aux mots, tellement intéressés et inspirés par cet art muet s’exprimant par l’image. Ils y voient un nouveau tunnel pour exprimer leurs émotions, contrairement à la méfiance, voire la défiance que d’autres écrivains éprouvent dès l’apparition du cinéma.

Avec l’arrivée du parlant, les écrivains sont évidemment plus sollicités pour participer à l’aventure. Joseph Kessel, dont on connaît bien sûr les adaptations réussies de ses romans, a travaillé toute sa vie pour le cinéma. Il y voyait un moyen facile et bien rémunéré de pouvoir se consacrer aux voyages et à l’écriture. D’autres, à cette époque, se révèlent de très bons dialoguistes et scénaristes, Roger Nimier ou Julien Green. Et on termine ce voyage avec les écrivains cinéastes d’aujourd’hui, dont le cinéma fait partie intégrante de leur culture, qui peuvent être critique, scénariste, réalisateur, acteur, comme le sont Emmanuel Carrère ou François Bégaudeau.

Dans cet autre ouvrage des éditions Séguier, La vie des productrices, Christine Beauchemin-Flot et Yannick Flot comblent un vide en évoquant ces femmes qui ont su s’imposer dans un milieu éminemment masculin. En effet, les femmes n’ont principalement eu au cinéma que le rôle que les hommes voulaient bien leur laisser, c’est-à-dire, soit la star devant la caméra, soit dans des rôles subalternes de la production. Elles n’étaient évidemment pas faites pour les postes « sérieux » de réalisatrices ou productrices. Cependant, et c’est tout le mérite de cet ouvrage de le rappeler, certaines ont rempli et remplissent cette mission avec succès. C’est un panorama complet de ces femmes productrices de cinéma qui est présenté ici, de la pionnière, Alice Guy, la première cinéaste à avoir réalisé une fiction, un an à peine après les premiers films des frères Lumière, jusqu’à Sylvie Pialat et Julie Gayet, les représentantes d’une nouvelle génération qui voit la place des femmes cinéastes ou productrices devenir de plus en plus importante dans le cinéma français.

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