Littérature française

Jean-Michel Guenassia

Les Terres promises

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Chronique de Juliet Romeo

Librairie La Madeleine (Lyon)

Jean-Michel Guenassia revient plus de dix ans après son prix Goncourt des lycéens pour offrir aux lecteurs la suite du Club des incorrigibles optimistes. L’occasion de retrouver Michel, Franck, Cécile et Igor.

C’est avec tristesse que j’avais refermé Le Club des incorrigibles optimistes, prix Goncourt des Lycéens 2009, il y a quelques années, et c’est le cœur lourd que j’avais quitté l’ambiance de cette arrière-salle de bar, composée de parties d’échecs, fumée, confidences, laissant ces personnages attachants aux prises avec leurs propres histoires. Nous nous quittions en 1964. Et c’est en 1964 que s’ouvre Les Terres promises. Michel prépare ses études supérieures et cherche en vain à recroiser Cécile. Franck, quant à lui, retourne en Algérie pour retrouver Djamila qu’il a laissée enceinte. Et Igor est accusé du meurtre de Sacha. Nos héros, si nous pouvons les qualifier comme tels, poursuivent leur quête de liberté et leur volonté d’émancipation. Émancipation intellectuelle bien entendu, émancipation culturelle pour certains, émancipation familiale pour d’autres. Mais ces émancipations passent parfois par un éloignement géographique. C’est pourquoi Jean-Michel Guenassia nous entraîne avec ses personnages en Algérie, en Israël ou encore en URSS. Loin du club d’échecs et de son ambiance intimiste, nous observons, avec tendresse, ces femmes et ces hommes attachants prendre leur envol au détour de chemins tortueux que nous n'aurions pas imaginés. Nous les accompagnons, tremblons pour eux, nous révoltons parfois avec eux, tout en observant l’Histoire se déployer autour d’eux jusqu’à les envelopper. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : vivre la grande Histoire à travers les petites histoires de nos optimistes de la première heure. Les Terres promises est une magnifique fresque de la seconde moitié du XXe siècle que nous traversons aux côtés de ceux qui pensaient pouvoir changer le monde, sous la plume tendre et intelligente d’un Jean-Michel Guenassia au meilleur de sa forme.

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