Bande dessinée

Aurélia Aurita

La Vie gourmande

illustration

Chronique de Juliet Romeo

Librairie La Madeleine (Lyon)

Pour sa nouvelle bande dessinée, La Vie gourmande, Aurélia Aurita nous offre un récit autobiographique poignant et sensible mêlant récits culinaires, souvenirs et « combat » contre le cancer. Une véritable ode à la vie et à la gourmandise.

 

 

La Vie gourmande est le nouveau récit autobiographique d’Aurélia Aurita. Depuis Comme un chef, sorti en 2018 (Casterman), l’autrice s’est retrouvée confrontée au cancer. C’est cette expérience de vie qu’elle raconte, mêlant souvenirs, découvertes culinaires et surprises dont elle a le secret.

Depuis Fraise et chocolat sorti en 2006 (Les impressions nouvelles), Aurélia Aurita nous aura embarqués avec elle et parfois en collaboration avec d’autres, comme Benoît Peeters ou Corinne Maier, dans tout un tas de mondes différents : l’entreprise, le lycée autogéré, les restaurants, la vie intime et sexuelle. À chaque fois avec une justesse et une sensibilité incroyables. Dans La Vie gourmande, elle vient nous parler d’une période douloureuse : celle de sa lutte contre un cancer du sein. Si la découverte de cette maladie et tout le « combat » qui s’ensuit l’auront marquée dans sa relation au monde et aux autres, elle ne nous en laisse voir que le minimum. Car, entre les rendez-vous médicaux et les chimiothérapies, elle nous emmène dans son monde, son quotidien, ses rencontres et ses passions. La principale : la gastronomie. De son travail d’observation dans les cuisines de Pierre Gagnaire à ses achats sur le marché de son quartier, en passant par son expérience à l’auberge La Grenouillière d’Alexandre Gauthier ou encore les souvenirs de plats de son enfance cuisinés par sa grand-mère, c’est tout un panel de goûts, de textures, de sensations, de mélanges qu’elle nous partage à travers ses planches. Et de ce rapport intense à la nourriture s’ensuit une réflexion profonde sur l’amour, l’amitié, la sororité, la vie tout simplement. Car c’est bien ça qui se dégage de chacune des pages de La Vie gourmande : la recherche constante des contacts, des plaisirs, des expériences, les siennes ou celles des autres. Que ce soit avec des fruits, de la viande, un libraire, une amie, des légumes, des poissons, du chocolat, il n’y a pas de limites à avoir. Il faut profiter et savoir profiter de toutes ces expériences et de toutes ces rencontres qui relèvent souvent, voire toujours, de l’intime. Et c’est dans cette quête épicurienne constante qu’Aurélia Aurita trouve le réconfort, le soutien, l’envie, l’espoir, nous entraînant avec elle dans les méandres de sa vie. Et pour accompagner son récit et ses souvenirs, elle déploie ses dessins, jouant des traits, des couleurs, des styles. Une manière subtile et intelligente de conter la diversité des expériences, des instants, des époques, des personnes qu’elle rencontre. Et c’est non sans émotion qu’un immense vent de liberté vient nous frapper, porteur d’une envie profonde de savourer la vie.

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