Littérature française

Thomas Vinau

Nos cheveux blanchiront avec nos yeux

photo libraire

Chronique de Daniel Berland

Pigiste ()

Ce premier roman de Thomas Vinau est aussi la première publication de son éditeur. Un texte fort qui oscille entre carnet de route, poésie et introspection.

Les pérégrinations du dénommé Walther, cet homme qui fuit celle qu’il aime en traversant l’Europe pour « essayer des choses » , déroute d’emblée. Qui est-il ? Où va-t-il ? Pourquoi fuit-il celle qu’il aime ? Au fil de son chemin et de ses pensées, le personnage tente de trouver, au travers de ses écrits et au plus profond de ses méditations, les réponses à cet irrépressible besoin de fuir le bonheur. Le protagoniste de cet étrange roman, qui se raconte à la troisième personne en une panoplie d’impressions d’allures anodines, nous entraîne vers la chute en avant de son état dépressif. « L’écriture a été pour moi un moyen d’être compatible/avec l’existence. De me concilier avec le monde./De me réconcilier. Un moyen d’avoir une prise sur lui./Sur ce sable. Sur ce sentiment que les choses ne tournent/pas rond. Sur la perte. Sur l’instant. Je crois que nous/ne sommes pas fait pour vivre comme nous vivons./Je ne suis même pas sûr que nous soyons fait pour vivre/tout court. Mais l’écriture, c’est comme l’amour,/ça nous donne une prise valable sur tout ça. » Un récit foncièrement poétique et original, qui marque l’entrée en littérature d’un éditeur et de son auteur par la grande porte.

illustration