Essais

Hors les murs

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photo libraire

Par Daniel Berland

Pigiste ()

Déroutants parfois, captivants toujours, les livres de Jean-Christophe Bailly appartiennent au panorama littéraire français et n’entrent dans aucun tiroir : et c’est tant mieux, puisque les tiroirs n’ont jamais été conçus pour les livres !

Jean-Christophe Bailly emprunte les chemins de traverse littéraires pour évoquer ce que pourrait aujourd’hui désigner le mot « France » : certains faits historiques incontournables d’un côté, de l’autre, les caractéristiques emblématiques de nos univers contemporains. L’auteur, qui aurait pu céder à la tentation d’écarter des lieux trop chargés d’histoire et d’images, comme Varennes ou Verdun, s’y rend au contraire. Ces lieux « communs » ont contribué à fonder l’idée même que l’on se fait aujourd’hui de la nation française. Le cheminement littéraire de l’auteur se fie au hasard, entre réalité et fiction, littérature et essai, subjectivité et Histoire, et défriche des sentiers peu rebattus par la pensée commune. Ces lieux correspondent tantôt à une ville visitée ou aperçue de loin, depuis la vitre d’un train par exemple. Ce voyageur littéraire qui ne résiste pas aux impulsions personnelles, nous aide à mieux comprendre comment peut se forger la représentation que nous nous faisons d’une ville, d’une région, du pays. Dans sa « Véridiction », possibilité d’un poème qui anéantirait la pose poétique et donnerait consistance à une phrase dont la diction (la musicalité ?) serait véridiction, J.-C. Bailly rend hommage, à travers trois essais, à Philippe Lacoue-Labarthe et aux réflexions et travaux de toute une vie. Et puisqu’il est important et nécessaire de lire J.-C. Bailly, lisons-le : « Produire du style, du lyrisme quand on a du métier, rien de plus simple. Empêcher l’archet de vibrer pour faire joli, c’est moins facile que de faire le virtuose. Et quand un écrivain se met à aimer ce qu’il écrit, c’est terrible... Le but, c’est d’arriver à un objet compact et repérable. Que les gens puissent se situer par rapport à lui et que le texte devienne un ami, un espace de confiance. Moi, lecteur, j’attends qu’un livre m’aide : à être plus ouvert, par exemple... En tant qu’écrivain, j’ai parfois l’impression que rien n’a bougé depuis les scribes, je fais comme eux : j’inscris. »