Littérature étrangère

Howard Jacobson

La Question Finkler

illustration
photo libraire

Chronique de Daniel Berland

Pigiste ()

Dans cet éblouissant roman, Howard Jacobson utilise la judéité pour aborder, avec une grande dextérité et un humour ravageur, les universels questionnements sur la vie et la société. Car derrière La Question Finkler, c’est bien toute 
la Question juive qui se trouve posée.


Suite aux décès de leurs épouses respectives, Julian Treslove et Sam Finkler, deux amis de longue date, renouent contact, se retrouvent et se remémorent avec nostalgie le passé révolu, alors que tous deux évoluent dans un présent incertain. Suite à l’une de ces amicales soirées et après une très légère altercation, Julian Treslove, qu’un quotidien morose et trop banal sclérose, se met en tête que, s’il a été « bousculé », c’est sans aucun doute parce qu’on a cru qu’il était juif. Et si après tout, il l’était vraiment, juif ? Lui qui depuis longtemps cherche à faire partie de ce vaste « Tout » ancestral, lui qui se sent depuis quelques temps trop étriqué au sein de l’univers. C’en est décidé et il en sera ainsi, lui, Julian Treslove, deviendra juif… et peut-être même, pour le meilleur et pour en rire, plus juif que juif. Accompagné de son ami Sam Finkler (qui lui, est réellement juif) et de Libor Sevcik, leur ancien professeur commun, le trio accompagne la quête divine de Treslove en décelant, pas à pas, discussion après discussion, d’expériences en expériences, cette part des choses et des actes du monde susceptible de s’apparenter à la judéité ou à la non judéité. Tour à tour éloquent, grotesque, sérieux ou ironique, ce roman à l’humour juif très new-yorkais n’a aucunement à pâlir d’une comparaison avec les grands maîtres du genre.


Howard Jacobson exploite cette mine avec une très grande dextérité littéraire pour mieux y déterrer les questionnements les plus profonds sur la famille, la société, les croyances, les cultures, les relations et la nature profonde de l’humanité. Féroce, acide, noir et quelquefois burlesque, l’humour explosif de Jacobson a l’avantage de demeurer intelligent et instructif. Une arme redoutable pointée contre l’antisémitisme et sa bêtise.