Chronique L'Enfant qui de Jeanne Benameur

- Jeanne Benameur
- Actes Sud
- 03/05/2017
- 128 p., 13.80 €
21 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Bénédicte Férot de La Procure-Tirloy (Lille)
- Nicole Legrand de Graffiti (Castres)
- Valérie Faucon de Graffiti (Castres)
- Marie-Odile Perrocheau de Agora (La Roche-sur-Yon)
- Céline Arrault-Noël de Le Pain de 4 livres (Yerres)
- Catherine Béchet de Spicilège (Lagny-sur-Marne)
- Brice Vauthier de L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))
- Frédérique Gillet-Jardat de Le Cadran solaire (Riom)
- Lydie Baillie de Aux lettres de mon moulin (Nîmes)
- Léonie Desbois de Le Bel aujourd'hui (Tréguier)
- Magali Mohamed de Le Pain des rêves (Saint-Brieuc)
- Véronique André de Baba-Yaga (Sanary-sur-Mer)
- Murielle Lerestif de Un Fil à la page (Mordelles)
- Pauline Girardin de Mots & Cie (Carcassonne)
- Valérie Fèvre de La Cabane à lire (Bruz)
- Perrine Thierrée de Tiers temps (Aubenas)
- Charlyne Drouhard de Lulu (Mornant)
- Camille Clerc de du Cours (Lyon)
- Léopoldine Raynal de Des Abbesses (Paris)
- Julie Giraudon de Almora (Paris)
Pauline Girardin Librairie Les Beaux titres (Levallois)
Qu’est-ce qui nous rend libres ? Comment l’être ? Est-ce vraiment nécessaire ? L’Enfant qui tout entier le raconte et l’évoque, via trois personnages : l’enfant, la grand-mère, le père. De la mère, on ne saura que l’essentiel.
Trois vies sur une charnière. Trois êtres perdus, remis en mouvement par l’absence. Il y a l’enfant. Celui que les cris du père désincarnent, mais dont les os résistent encore pour n’enclore que le souffle ténu de sa présence. L’enfant fuit et se cherche, vagabondant avec un chien errant. Il écoute les arbres, la terre, le ciel ; il suit le chant de la langue maternelle différente, enfoui dans sa mémoire ; il rêve une maison au bord d’un à-pic. Quel âge a l’enfant ? Peu importe : c’est vous, c’est moi, c’est chacun de nous face à l’absence et au silence. Il y a le père. Un homme qui va de l’atelier au café. Il ne peut apprendre à son petit comment un homme tient debout entre le désir et la mémoire, puisqu’il l’ignore lui-même. Alors il crie, il crie sa crainte jusqu’à retrouver son propre chemin. Il y a la grand-mère. Elle est le lien qui tient ensemble cette étrange maisonnée où les mots sont cris de l’âme : ceux du père, son fils, les siens qu’elle tait, ceux que l’enfant n’a pas encore. En son temps, elle a payé le tribut à l’immobilité et au silence. Alors elle se tient droite, debout, pour que l’enfant grandisse sans peur. Enfin, il y a la mère, différente des gens du village. Venue, puis repartie. Disparue. Elle porte une robe d’un rouge fané et un bracelet tissé avec une pierre, rouge aussi. La mère, énigme et réponse, alors qu’elle n’est plus là. L’Enfant qui de Jeanne Benameur sonde ce qui nous enferme et ce qui nous libère. Sa langue poétique nous suggère cet indicible qui fait nos vies, nos rêves et nos actes. Le mystère humain reste insondable, mais l’imaginaire est la première porte à déverrouiller, et la langue – jusqu’à l’écriture pour certains – est ensuite ce qui nous met en mouvement. Qui s’interroge y trouvera sans doute de quoi forger un pan de réponse.