Littérature française

Marie-Hélène Lafon

Joseph

photo libraire

Chronique de Béatrice Putégnat

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Il porte un prénom tout simple. À son image. Marie-Hélène Lafon a posé son doigt et ses mots sur cet anti-héros un peu rustre, vieillissant dans une sorte de torpeur mutique. Mais derrière le cliché, elle dessine un portrait à hauteur d’humanité. Elle hisse Joseph au rang de héros de roman. Comme un peintre qui décentre son sujet sur un détail, elle donne d’abord à voir ses mains. Puis ses pieds. Un point de vue qui le pose d’emblée dans sa chair et dans sa vie. Joseph est ouvrier agricole au sein d’une ferme du Cantal. Il approche de la soixantaine. Il « a appris à se méfier des gens que les bêtes craignaient ». Après avoir connu une période de « vin noir » quand Sylvie l’a quitté, Joseph est maintenant à sa place. Entre la patronne, présence bienveillante, et son labeur, il attend la fin de sa vie. Marie-Hélène Lafon fait de Joseph le symbole d’un monde et d’une ruralité en pleine mutation. Joseph est comme le dernier héros mutique d’un monde vrai mais révolu.

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