Beaux livres

Odile Etaix , Marc Etaix

C’est ça Pierre Etaix

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photo libraire

Chronique de Béatrice Putégnat

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Clown, écrivain, metteur en scène, illustrateur… en soixante ans de carrière, Pierre Etaix a créé un univers empreint de poésie, de drôlerie et de loufoquerie. C’est ça Pierre Etaix rassemble son œuvre protéiforme. À feuilleter pour le plaisir des yeux, le rire et l’intelligence du cœur et de l’esprit.

Pétillement ! Ouvrir certains livres procure comme une ivresse. Des petites bulles de plaisir se collent à votre palais et, par la magie de synapses ou autres facéties « anatomico-psychologico-sensibles », viennent irriguer votre cerveau de bonheur tout simple. Alors en cette période de fêtes où les spectacles de cirque fleurissent, où les chapiteaux se montent, où les clowns font rire les petits et les grands, entrez dans le monde de Pierre Etaix. Un clown, certes, mais surtout un équilibriste-ès-humanité. Il aura fallu à ses proches (Odile, sa compagne et Marc, son fils) près de deux ans pour sélectionner le meilleur de son travail graphique, de ses textes. Sous la forme d’un ’e, sa vie, ses œuvres, son chemin se déploient avec simplicité, humour et mordant. Tous les textes sont de Pierre Etaix (sauf mention contraire). En soixante ans de carrière, il s’est affirmé comme un touche-à-tout génial présent sur tous les fronts : photos, graphismes, jeux de mots, peintures, affiches, montages, cinéma… Le clown aime le comique sous toutes ses formes, le spectacle vivant. Dans la lignée de Charlie Chaplin, Buster Keaton, Laurel et Hardy, la tradition clownesque se déploie sur tous les fronts. Arrivé à Paris, il se produit dans les cabarets et music-halls parisiens (Les Trois Baudets, l’Alhambra, Bobino, l’Olympia…) et au cirque avec le clown Nino. En 1954, il rencontre Jacques Tati. Il travaille comme dessinateur, gagman et assistant-réalisateur sur Mon Oncle. Tout naturellement, il s’essaie ensuite à la réalisation. Un premier court-métrage, Rupture, avec Jean-Claude Carrière. Puis Heureux anniversaire en 1963, pour lequel les deux complices remportent l’Oscar du meilleur court-métrage. Suivront Le Soupirant, Yoyo (un hommage au monde du cirque) et Pays de cocagne, une critique de la société de consommation post Mai 68, qui lui vaudra les critiques de… la critique. Théâtre, création de l’École nationale de cirque, cinéma… Pierre Etaix semble être en perpétuel mouvement. « C’est un clown, un artiste, un peintre, un écrivain, un metteur en scène, et un être humain : il touche tant de vies avec son amour et sa joie de faire plaisir aux autres par le rire… », affirme Jerry Lewis avec lequel il partage l’art du « slapstick ». C’est ça Pierre Etaix… un funambule du spectacle, du rire et de la poésie, qui « fait ce qu’il aime » en aimant ce qu’il fait. Alors que le spectacle continue : « clown, clown, reviens ! »

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