Littérature française

Christian Bobin

Noireclaire

photo libraire

Chronique de Béatrice Putégnat

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Vingt ans après la mort de la femme aimée, Christian Bobin dépose sur sa tombe « un petit bouquet mortuaire ». Une perle « noireclaire » ciselée à l’os, ténue... essentielle.

Symptômes : envie de tout souligner, de corner une page sur deux, d’apprendre par cœur ces fragments qui vont droit au cœur, à l’âme, à l’esprit ! Lire Noireclaire : une expérience au cœur du sensible, de la poésie, de l’amour et de l’écriture. Vingt après le décès de sa compagne, Christian Bobin lui offre ces fragments qui repoussent les frontières, les barrières entre les vivants et les morts comme « un petit bouquet mortuaire tendu maladroitement par un enfant au crâne rasé ». Le fragment, le ténu, l’image se font amples, profonds, porteurs de sens et d’essences. Comme hanté, Christian Bobin fait advenir Ghislaine dans le monde sensible : souvenirs comme des instantanés de vie inlassablement présents, parfums, sourires, paysages. Elle habite encore et toujours le monde par le pouvoir presque magique de la poésie. Elle est juste « absente pour cause d’extase ». Bien sûr, Noireclaire n’a rien de rose ou de fleur bleue. La mort est là. Os devenus poussières. L’écrivain distille son rapport à la nature, à la lecture, à la croyance, aux livres, à l’écriture. Il taille dans le vif de l’autobiographique. Page 41, une phrase lapidaire, crépusculaire : « je veux tuer Christian Bobin ».

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