Littérature française

Pierre Pastre

Pierrot, Chronique d’une gentille racaille

photo libraire

Chronique de Nadège Badina

Librairie Le Square (Grenoble)

« C’est bien d’évoquer le passé […] mais il y a des épisodes qui échappent. On passe une partie de la vie à les occulter […] et les voir réapparaître n’est pas une sinécure. »

Pierrot est un jeune provincial de Béziers. C’est la guerre mais il a encore des yeux et un cœur innocents. Dans son récit, Pierre Pastre ressuscite avec panache non seulement une époque, mais aussi le milieu ouvrier avec ses habitudes et son langage. Les expressions usitées abondent et prêtent à sourire. Et, prenant le point de vue d’une « gentille racaille », il prouve que les petits bonheurs au creux des grandes détresses sont des souvenirs qui restent toujours vivaces. Les anecdotes se succèdent avec humour et tendresse, définissant toujours plus ce qu’est l’enfance. On suit Pierrot dans son quotidien : ses grosses bêtises et ses petites fanfaronnades, ses aventures pseudo-amoureuses, les mariages successifs de sa sœur et de son frère adulés, ses déboires à l’école entre humiliations et efforts des professeurs, ses débuts à l’usine avant son passage devant le juge, jusqu’à ce jour où, « tel un pélican parachuté au Sahara, [il prit] pied sur le pavé parisien, dans ce quartier des Halles qui était encore le ventre de Paris. » L’auteur met en scène tous ces événements qui font de la jeunesse un véritable parcours semé de défis, mais qu’une jeune canaille comme lui ne peut que relever. Frais et irrésistible !

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