Littérature étrangère

Sibylle Berg

Merci bien pour la vie

photo libraire

Chronique de Catherine Florian

Librairie Violette and co (Paris)

Sibylle Berg, romancière et dramaturge bien connue en Allemagne et en Suisse pour ses prises de position défendant la liberté individuelle, nous conte dans ce roman initiatique les aventures… ou plutôt les mésaventures de Jojo, personnage « intersexe ». Bien mal lui a pris de naître en RDA en 1966. Il est si différent que ses parents l’abandonnent. Puis il est maltraité, exploité, humilié, abusé. Cet être doux et candide, au corps massif et à la voix d’ange, comprend, même après son passage à l’Ouest, qu’il ne sera à sa place nulle part. Capitalisme et socialisme sont renvoyés dos à dos, les gens se révélant des deux côtés tout aussi malheureux, et, par voie de conséquence, aussi méchants et intolérants. Car « Jojo était comme une fontaine dont l’eau vous renvoyait votre reflet et votre propre infirmité. Jojo était l’être humain parfait. Le prototype. » Jojo fait partie de cette humanité qui ne peut être que broyée « à force de ne pas laisser de traces ». Mais vous qui ouvrirez ce livre, vous aimerez Jojo, votre frère, votre sœur.

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