Littérature française

Agnès Desarthe

Ce qui est arrivé aux Kempinski

photo libraire

Chronique de Catherine Florian

Librairie Violette and co (Paris)

Agnès Desarthe, romancière, traductrice et essayiste, nous offre un recueil de nouvelles au parfum énigmatique et mystérieux, à l’écriture remarquablement fluide.

Dans ces quatorze nouvelles, les existences des personnages basculent. Des chemins sont pris ou auraient pu l’être. Ce sont des hasards, des rencontres fortuites, des possibles dans des vies réelles ou inventées. Y a-t-il tant de différences entre les deux ? Il est question de piano dans les textes choisis pour ouvrir et clore cet ouvrage. Chaque héroïne aurait pu apprendre à jouer du piano, aucune ne l’a fait. Nos vies sont emplies de réalisations, mais également de projets imaginés qui auraient pu advenir. Les uns et les autres sont constitutifs du parcours de chacun et nous forgent tout autant. Les pianos sont silencieux et rêvés, mais résonnent dans la tête de celles dont le destin bifurque. Ne nous promenons-nous pas tous avec un piano dans la tête ? Une petite musique rythme ces nouvelles, qui nous font aller de la réalité au fantasque voire au fantastique. Les glissements sont subtils. Dans quelle mesure avons-nous la maîtrise de notre vécu ? Contradictions et paradoxes sont inhérents à tout être humain, il est peut-être sage de l’accepter. Oui, Agnès Desarthe nous raconte des histoires, elle nous mène en bateau, un bateau parfois ivre. Ça tangue, on perd pied… mais c’est pour notre plus grand plaisir.

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