Littérature étrangère

Lucia Etxebarria

Le Contenu du silence

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photo libraire

Chronique de Catherine Florian

Librairie Violette and co (Paris)

Parfaitement construit et mené, ce thriller psychologique haletant progresse par dévoilements successifs de secrets emboîtés. La parole contre le silence, la vie contre la mort.


Gabriel, en pleine préparation de son mariage, se rend précipitamment aux îles Canaries où sa sœur, Cordelia, dont il n’a plus de nouvelles depuis dix ans, serait l’une des victimes d’un suicide collectif organisé par une secte qui sévit à Ténériffe. Avec Helena, une amie très proche de Cordelia, il mène l’enquête. C’est le point de départ de ce nouvel opus de la romancière espagnole qui continue de surprendre au fil de ses livres. D’œuvre en œuvre, elle plaide pour la liberté individuelle et collective contre toute aliénation sexuelle et familiale. Elle montre comment des êtres fragilisés par leurs névroses sont capables de se créer des prisons mentales qui en font les proies potentielles de toutes sortes de manipulations. Se libérer, c’est-à-dire parvenir à l’autonomie et l’équilibre, c’est prendre conscience de l’emprise que peut exercer un certain type de lien affectif ou d’idéologie pernicieuse. L’auteure n’hésite pas, en effet, à établir des parallèles entre l’embrigadement dans une secte et les ressorts de certains rapports amoureux. Les procédés qui tyrannisent, annihilent toute expression de la volonté sont les mêmes : la peur, le chantage, la faute, le harcèlement. Perte du respect de soi-même et incapacité à exprimer ses émotions expliquent que des femmes et des hommes acceptent la domination… jusqu’à l’extermination.