Chronique Le Jour d’avant de Sorj Chalandon

- Sorj Chalandon
- Grasset
- 16/08/2017
- 336 p., 20.90 €
44 libraire(s)
- Laurence Behocaray de IUT Carrières Sociales - Site Jean Luthier - Université de Tours (Tours Cedex)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Muriel Gallot de L'Intranquille Plazza (Besançon)
- Emmanuelle George de Gwalarn (Lannion)
- Jean-Luc Aubarbier de Lire en Majuscule (Sarlat-la-Canéda)
- Nathalie Claudel de La Compagnie des livres (Vernon)
- Camille Hacquard de Aux Vieux Livres (Châteaugiron)
- Stéphanie Hanet de Coiffard (Nantes)
- Gaëlle Maindron de Livres in room (Saint-Pol-de-Léon)
- Véronique Marchand de Le Failler (Rennes)
- Frédérique Franco de Le Goût des mots (Mortagne-au-Perche)
- Emmanuelle Barbier-Maître de du Cours (Lyon)
- Philippe Poulain de L'Atelier (Paris)
- Aurélie Janssens de Page et Plume (Limoges)
- Lucie Sawina
- Valérie Barbe de Au Brouillon de culture (Caen)
- Jean-Baptiste Hamelin de Le Carnet à spirales (Charlieu)
- Cathy Pesty de de Vernon (Vernon)
- Charlotte Lesaulnier de Actes Sud (Arles)
- Agathe Grandjouan de CBPT (Nantes)
- Céline Vignon de Mots et images (Guingamp)
- Brice Vauthier de L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))
- Blandine Vincent de des Canuts (Lyon)
- François Groff de Le livre et la tortue (Issy-les-Moulineaux)
- Christophe Aimé de M'Lire Anjou (Château-Gontier)
- Maritsa Boghossian de Pleine lune (Tassin-la-demi-lune)
- Stéphanie Fontaine de Furet du Nord (Lille)
- Lydie Baillie de Aux lettres de mon moulin (Nîmes)
- Danielle Beauguion de Vent de soleil (Auray)
- Florence Reyre de Du côté de chez Gibert (Paris)
- Magali Mohamed de Le Pain des rêves (Saint-Brieuc)
- Maria Ferragu de Le Passeur de l'Isle (L'Isle-sur-la-Sorgue)
- Laura Barbry de Le Failler (Rennes)
- Valérie Fèvre de La Cabane à lire (Bruz)
- Perrine Thierrée de Tiers temps (Aubenas)
- Camille Gegauff de L'Amandier (Puteaux)
- Isabelle Digailliez de L'Oiseau Lire (Visé)
- Nadège Rousseau de Passages (Lyon)
- Géraldine Guiho de Vent de soleil (Auray)
- Audrey Andriot de Jonas (Paris)
- Maryline Noël de Le Comptoir (Santiago)
- Louise Debove
- Aurélie Bouhours de Au temps des livres (Sully-sur-Loire)
- Joëlle Guinard de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or ()
Betty Duval-Hubert Librairie La Buissonnière (Yvetot)
27 décembre 1974 : la catastrophe de Liévin. 42 victimes, 42 mineurs emportés dans un drame qui n’était pas dû à la fatalité. Le Jour d’avant est le roman d’une possible vérité, d’une colère non atténuée, inassouvie, le roman de la déchirure.
Ce roman pourrait aussi être un film, jamais tourné, ébauché, jamais terminé. Une plaie non refermée, ouverte à jamais, animée de colère et de vengeance ressassée. Une peine immense, lourde et ouverte, de non-dits, de culpabilité et de remords. Et toujours la colère gronde et couvre tout. Le narrateur a survécu. Il est le survivant, adulte empli de colère, de honte et de silences. Il est celui qui ne devrait pas être, le « tiot », le petit frère apeuré d’amour pour son frère, fier et admiratif. Époustouflé par la mine, par les mineurs, par leur labeur, par leur abnégation mêlée d’orgueil, il est celui qui reste, orphelin de tous, orphelin de lui-même, comme rejeté. La souffrance est immense, ambivalente et dans cette ambivalence, le roman se déploie, la force narrative de Sorj Chalandon s’accomplit avec une rigueur magistrale et organisée, comme dans un procès. Implacable. Le roman est le procès en instance, réclamant jugement et vérité, souhaitant compléter le premier procès à peine entamé, vite balayé puis traîné en longueur, inutilement. Ce roman est un cri, une alarme de plus tirée par Sorj Chalandon pour évoquer les disparus, les oubliés de l’Histoire, les oubliés des tragédies, les oubliés des guerres, des infamies et des maltraitances, les oubliés tout court. Lumière et projecteurs sur le tribunal de Saint-Omer en 2017, après les longs travellings en 1974 dans les rues noires et embrumées d’une petite ville minière du Nord où l’absence résidait et présidait déjà : le réquisitoire sublime de l’avocat général est un morceau littéraire inoubliable, glaçant dans sa dureté et sa franchise. Le Jour d’avant est le roman d’un individu profondément seul, convaincu de sa vérité contre la société, son combat de toute une vie.