Essais

Anne Glenconner

Dame d'honneur

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Chronique de Stanislas Rigot

Librairie Lamartine (Paris)

Autobiographie de la fille de l'écuyer de Georges VI, Dame d'honneur est une délicieuse plongée au cœur de l'aristocratie anglaise, dans le sillage de la famille royale, entre excentricités, archaïsmes et coups du sort.

Du fait de la charge occupée par son père, Comte de Leicester, Lady Anne Glenconner fait partie du cercle restreint des intimes de la Couronne britannique. Enfant, elle joue avec la petite Elizabeth et sa sœur Margaret. Elle devient par la suite l'une des sept demoiselles d'honneur choisies pour tenir la traîne de la Reine lors de la cérémonie du sacre. (Dans ce formidable chapitre, le lecteur vit, telle une petite souris cachée dans l'envers du décor, cet événement historique où chaque geste peut potentiellement avoir de terribles conséquences.) Elle restera amie toute sa vie avec Margaret, celle-ci venant se réfugier dans les îles Moustiques, propriété du mari d'Anne, lorsque son moral est en berne (ce qui lui arrive souvent). Mais, au-delà de ces années passées dans l'ombre royale, Anne va, en tant que « fille de », puis en tant qu'épouse du richissime Lord Glenconner, avoir une vie aux allures de montagnes russes, souvent ébouriffante, pour le meilleur et aussi pour le pire. Celle-ci sera rythmée par les idées géniales de son mari fantasque (comme l'achat des désormais fameuses îles Moustiques, alors quasiment à l'abandon, pour une poignée de livres, et leur transformation en paradis pour une clientèle aisée), par son goût immodéré pour la fête et l'exubérance (le cahier photographique donne un aperçu des légendaires soirées qu'il organise) mais aussi, malheureusement, par ses incontrôlables colères (le chapitre de leur nuit de noces est une autre pépite du livre, entre rire et larmes). Raconté l'humour au bord des lèvres, avec cette élégance et cet inimitable détachement anglais, même lorsque le sort s'acharne (la dernière partie du livre est des plus poignantes), Dame d'honneur devrait pouvoir faire patienter les amateurs de The Crown, orphelins de la cinquième saison.

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