Littérature étrangère

Oyinkan Braithwaite

Ma sœur, serial killeuse

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Chronique de Anne-Sophie Rouveloux

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La vie a vraiment été cruelle avec Korede. Sa sœur cadette éclipse tous les regards et cet ange de beauté est également une tueuse en série écervelée. Jusqu’à quel point est-elle censée la couvrir ?

« Korede, je l’ai tuée. » S’il y a bien une phrase que l’héroïne du roman d’Oyinkan Braithwaite ne veut plus entendre, c’est celle-ci. Sa sœur cadette est une beauté fatale, au sens littéral. Tous les jours, Korede doit accepter que le monde entier n’en ait que pour Ayoola et très régulièrement, elle doit l’aider à se débarrasser d’un corps. Heureusement, Korede est passée maître dans l’art de faire disparaître le moindre petit indice, car on ne peut vraiment pas compter sur sa sœur pour prendre les choses en main. Ayoola chante, papillonne, poste des photos sur Instagram alors que son petit ami est porté disparu. Korede serre les dents mais elle pourrait bien perdre son calme. Infirmière dans un hôpital, elle craque pour Tade, un beau médecin. Lorsque ce dernier et Ayoola commencent à se tourner autour, une décision fait son chemin en elle. Celui-là, sa sœur ne le tuera pas. Bienvenue dans un premier roman génial et déjanté ! Beaucoup de gens succombent en seulement 230 pages et pourtant, rien n’est jamais glauque. Nous ne sommes pas dans un roman policier, mais bien dans une histoire de mœurs. La famille est bien au cœur de l’ouvrage, avec la très intéressante relation qu’entretiennent Korede et Ayoola, mais aussi dans les portraits que la narratrice dresse de ses parents. Le lecteur découvre également avec grand plaisir le Lagos, sa langue, ses coutumes. La véritable part sombre de cet ouvrage apparaît lorsque la figure du père se dessine, un être dangereux et abusif. La plupart du temps, l’humour grinçant est de mise et l’on sourit régulièrement lorsque Korede parle des chamailleries de ses collègues à l’hôpital. Ma sœur, serial killeuse est un cocktail de drôlerie, de suspense et d’émotion dont le seul défaut est de se lire trop vite.

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