Beaux livres

Jérôme Delaplanche

Un art subjectif ou la face cachée du monde

Chronique de Éric-Michel Tosolini

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« Tout, au monde, existe pour aboutir à un beau livre. » Le mot de Mallarmé vient à l’esprit quand vous tenez l’ouvrage en main et en découvrez le contenu. Beau, ce livre l’est à tous égards. Par les contributions des auteurs d’abord. Celles écrites pour retracer les trajectoires de Pierre Brache et Geneviève Bonnefoi, « amateurs passionnés » d’art plutôt que collectionneurs, sont lumineuses. Comme celles qui nous racontent l’histoire mouvementée de l’abbaye, « ce lieu inspirant » où, à partir des années 1970, le duo qui la sauva de la destruction y exposa sa « collection bagarreuse » d’artistes aussi divers que, et j’en oublie, Fautrier, Hartung, Michaux, Dubuffet, Viseux ou Jean Degottex, dont le sublime Oiseaux de feu illumine la couverture. Beau ce livre l'est encore par le catalogue qu'il propose, un bijou, exigeant de son lecteur ce « contact plus intuitif » avec la page, porte de la « face cachée du monde ». Avec la réouverture de l'abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, la collection Brache-Bonnefoi a trouvé le chemin du futur.