Polar

Marto Pariente

Balanegra

✒ Marie-Ève Charbonnier

(Librairie Paroles, Saint-Mandé)

Avec Balanegra, du nom de ce village espagnol perdu où se situe l’action du livre, Marto Pariente signe un nouveau roman policier acide et drôle où, une fois de plus, les apparences sont bien trompeuses.

Caveiro est le fossoyeur du petit village de Balanegra. Un fossoyeur peu commun, plus tout jeune, attaché à son seul neveu qui présente des troubles autistiques et a besoin de lui. Et surtout, Caveiro est un fossoyeur qui traîne derrière lui un passé de tueur à gages. Rubi de Miguel, quant à elle, est une riche industrielle sans scrupules dont les deux fils sont cruel pour l’un, schizophrène pour l’autre. Passionnée de jeu, elle passe son temps à prier son « p’tit Dieu » (un « p’tit Dieu » qui après tout dit-elle « n’est qu’un croupier ») de lui donner les meilleures cartes possibles. Ces deux personnages sont les principaux de cette intrigue peu commune. Et s’ils ne se croisent jamais, ce sont bien les actions entreprises par les hommes de main de l’une qui vont réveiller l’instinct de chasseur de l’autre. Car quand Léon de Miguel, le fils aîné, est soupçonné d’abus sexuel sur mineur, sa mère va tout faire pour le tirer d’affaire. Autour d’eux, les personnages secondaires sont décrits à travers leurs traits ou leurs actions caractéristiques : ils sont incarnés. Quelques mots nous suffisent pour les saisir, qu’il s’agisse des deux Bobby, mari et femme exerçant leurs talents de tueurs en couple, ou du « Russe », flic véreux jouant double jeu, ou encore de Miguel de Miguel, alias « Double Miguel », alias « le Dingue », fils cadet de Rubi. L’intrigue se met en place doucement, en points de vue qui alternent, les silences et les trous se comblant peu à peu. Les allers et retours dans le passé éclairent le présent, pour un feu d’artifice final. On retrouve sous la plume de l’auteur de La Sagesse de l’idiot (qui vient de sortir en poche) l’humour et la cruauté qui le caractérisent. Un mélange réussi de Tarentino et Almodóvar, disions-nous à l’époque de la sortie de ce premier roman. Balanegra procure le même sentiment !

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