Littérature étrangère

Scott Preston

Le Sang des collines

✒ Linda Pommereul

(Librairie Le Failler, Rennes)

Le Sang des collines, premier roman de Scott Preston, est une odyssée sombre et abrupte sur l’attachement viscéral à ses racines, autant qu’à la violence qui fait rage quand notre quotidien se fracture de manière irréversible.

La Cumbrie, une région reculée au nord-est de l’Angleterre. Scott Preston installe son roman, Le Sang des collines, dans un paysage rural affecté par une épidémie qui décime une grande partie du cheptel des éleveurs de moutons. Imaginez un territoire où la vie est rude, où l’on est berger de père en fils. Steve Eliman a lui quitté la ferme familiale pour devenir chauffeur et mieux gagner sa vie. Il revient néanmoins pour aider son père qui ne peut plus s’occuper seul de l’exploitation. Lorsque la fièvre aphteuse déferle, leur troupeau est abattu comme beaucoup d’autres. Un véritable drame pour ces hommes dont la survie dépend de leur élevage. Les Eliman vont tout perdre. Steve se rapproche alors d’un des plus grands propriétaires de la région, William Herne, qui l’entraîne dans ses petites magouilles. Habités par un désir de vengeance, les deux hommes vont faire front commun dans une rivalité latente, jusqu’au drame. Dans ce chaos, la nature sera le témoin silencieux de cette terre empoisonnée par la noirceur des hommes, serpentant toujours plus loin, de phrase en phrase, en tentant de rester à distance de cette folie, vainement. Un récit qui arpente les rides de la vallée et de la montagne dans un choc littéraire où l’écriture est aussi douloureuse que la pointe d’un couteau qui nous transperce. On comprend la colère, le désir de vengeance qui trouve son origine dans ces massacres de troupeaux donnant la nausée. L’obsession engendre la folie, sans aucune possibilité de rédemption. Scott Preston signe un roman ambitieux où il explore les dérives du mal, tant par ses personnages que par l’obscurité qui se dégage de chaque page. Une spirale glaçante qui nous entraîne irrémédiablement vers le fond, doublée d’une véritable performance qui tient en haleine le lecteur, happé par la tension dramatique.

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