Littérature étrangère

Tom Franklin

Le Retour de Silas Jones

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photo libraire

Chronique de Michel Edo

Librairie Lucioles (Vienne)

On le compare aux plus grands, on dit de lui qu’il est un des meilleurs écrivains américains vivants. Dennis Lehane et Philipp Roth ont encensé ses précédents romans.

Or, en France, l’auteur de La Culasse de l’enfer et de Smonk peine à trouver un large public du fait peut-être de l’amoralité de ses héros et de ce mélange « spaghetti-gothique » qui caractérise ses westerns. En un mot, Franklin est déroutant. Avec Le Retour de Silas Jones, on quitte cependant l’Alabama du début de ce xxe siècle pour l’État voisin du Mississipi des années 1980. Plus encore que dans ses précédents livres, on se retrouve plongés dans la moiteur pesante de ces États du Sud, où racisme, politique et religion font peser un poids terrible sur la société. Larry « le pourri » et Silas Jones, les deux personnages centraux de cette histoire, sont des braves, chacun à leur manière. Larry, le blanc, est le bouc émissaire du village, différent parce qu’il préfère rêver et lire plutôt que jouer au base-ball. On a tôt fait d’en faire le coupable idéal du meurtre d’une adolescente. Adulte, il restera cependant au bourg, défiant par sa seule présence l’opinion publique. Silas, lui, est tout simplement noir et bâtard. Son statut d’officier de police en fait une incarnation de la modernité... Ce qui en dit beaucoup sur la mentalité de l’État. Ces deux-là verront leurs destins liés et, à travers eux, c’est une vision du Sud, aussi fine et envoûtante que celle de Faulkner en son temps, que Franklin nous dévoile.

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