Littérature étrangère

Agustina Bazterrica

Cadavre exquis

Chronique de Alexandra Villon

Librairie La Madeleine (Lyon)

Dans un futur relativement proche, les animaux, atteints par un virus mortel et transmissible à l’homme, ont été exterminés. Or, il a bien fallu répondre à la demande acharnée des populations à se nourrir de viande. Le cannibalisme – mot interdit – a donc été légitimé, légalisé et réglementé, reléguant certains hommes au statut de « viande spéciale ». Marcos travaille dans un de ces abattoirs qui mettent à mort ces êtres à la frontière entre l’homme et l’animal, auxquels on a pris soin de retirer le langage en leur sectionnant les cordes vocales. Or, Marcos garde chez lui en secret une de ces « femelles » sans trop savoir qu’en faire. Au sein de ce monde ultra réaliste où la déshumanisation poussée à son paroxysme est devenue la norme, assumée grâce à la puissance d’un langage domestiqué, l’auteure met en scène avec brio la capacité des hommes, à travers Marcos, à se mentir à eux-mêmes et à commettre des atrocités sous le déguisement des mots.

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