À travers les portraits intimes de six enseignants de l’école du Bauhaus, Nicholas Fox Weber raconte l’histoire mouvementée d’un courant artistique révolutionnaire dont on perçoit encore l’impact. Une relecture fascinante.

Le livre de Nicholas Fox Weber aborde sous un angle original l’histoire du mouvement artistique allemand créé en 1919 à Weimar et source d’inspiration pour de nombreux artistes de l’époque : le Bauhaus. En effet, la proximité amicale de Weber avec Josef et Anni Albers lui a permis d’accéder, depuis les années 1970, à des archives (correspondances, manifestes, textes divers) et à des témoignages de première main. Il a ainsi choisi de dresser les portraits de ceux qui ont marqué le Bauhaus, depuis Walter Gropius, l’architecte fondateur du mouvement, les peintres Paul Klee et Vassily Kandinsky, jusqu’à Ludwig Mies van der Rohe, directeur de l’école, en passant par les admirables artistes que furent les époux Albers. Le principe de l’ouvrage consiste à observer les membres de cette communauté en proie à une fièvre créatrice contagieuse, leurs rivalités, leurs singularités, l’influence de certaines personnes extérieures, comme l’imprévisible Alma, veuve de Gustav Mahler, qui entretint une relation passionnée avec Gropius. En nous confiant les secrets d’alcôve des artistes, Weber nous dévoile aussi les secrets de fabrication de cette école révolutionnaire que fut le Bauhaus, car la création artistique reflète les états d’âme. Les personnalités qui nous sont ici présentées tendirent toutes vers un idéal esthétique qui exaltait la vie et visait un mieux-être social. Le génie de Gropius a résidé dans sa volonté opiniâtre de créer des ponts entre des branches artistiques aussi différentes que la verrerie, le design de mobilier et la peinture abstraite. C’est pourquoi cette succession de biographies nous éclaire sur le bouillonnement de cette époque. Une génération d’artistes d’une sensibilité à fleur de peau a lancé un mouvement et a posé un regard sur le monde qui rayonne encore aujourd’hui.