Bande dessinée

Alex W. Inker , d'après Virginia Reeves

Un travail comme un autre

illustration

Chronique de Guillaume Boutreux

Librairie M'Lire (Laval)

Avec cette nouvelle parution, adaptée du premier roman de l’Américaine Virginia Reeves, Alex W. Inker poursuit son œuvre en bandes dessinées aux éditions Sarbacane. À l’image de ses travaux précédents, il pose ici une lumière crue mais élégante sur le destin tragique d’un homme.

Nous sommes en Alabama, à la veille de la Grande Dépression. Roscoe T. Martin, fils de mineur, devient fermier en épousant Mary qui hérite de terres à la mort de son père. Si Roscoe n’a jamais voulu devenir mineur, il n’a pas non plus la vocation agricole car c’est dans les livres qu’il a trouvé sa voie. En effet, ses lectures lui ont fait découvrir les vertus de l’électricité. Alors lui vient l’idée et l’ambition de concilier son savoir technique avec les travaux agricoles. Dès lors, tout va pour le mieux à la ferme grâce à l’électrification jusqu’à ce que son approvisionnement clandestin sur les lignes de la compagnie électrique ne soit découvert de la pire des manières. Débute alors le calvaire d’un homme dont le progrès n’a pas voulu. Un Travail comme un autre est la deuxième adaptation d'Alex W. Inker. On se souvient du troublant Servir le peuple (Sarbacane) qui reprenait en 2018 le roman corrosif de Yan Lianke, censuré à sa sortie et relatant l’histoire d’un jeune soldat zélé de la Chine de la Révolution Culturelle, séduit par la femme de son colonel. Ici aussi, Roscoe tente tant bien que mal de tirer son épingle du jeu dans une société qui broie les individus et ne pardonne surtout pas à ceux qui pensent autrement. Dès ses première BD, Apache et surtout Panama Al Brown (Sarbacane), la qualité du travail graphique d'Alex W. Inker a été largement saluée. Son trait précis et expressif, sa patte d’affichiste savent se couler à merveille dans le contexte de l’histoire racontée en en intégrant les codes graphiques historiques. Alex W. Inker continue de tracer sa ligne avec maestria, explorant ses thèmes de prédilection avec toujours autant de justesse et sans redondance aucune. Du très beau travail !