Littérature étrangère
Rachel Eliza Griffiths
Promesse

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Rachel Eliza Griffiths
Promesse
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuelle Ertel
Gallimard
29/05/2025
24 €
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Chronique de
Aquilina Tannous
Librairie Goulard (Aix-en-Provence) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Laurence Tutello de Le Chat Pitre (Paris)
- Anne Mamour de Le Millefeuille (Clamecy)
- Aquilina Tannous de Goulard (Aix-en-Provence)

✒ Aquilina Tannous
(Librairie Goulard, Aix-en-Provence)
Dans le Maine des années 1950 baigné de lumière et de non-dits, deux sœurs noires découvrent que l’amour ne suffit pas à conjurer la violence. Un premier roman incandescent, entre grâce poétique et lucidité politique.
« La mémoire est un acte de résistance, un souffle fragile contre l’oubli qui menace de tout effacer. » À Salt Point, village côtier du Maine figé dans ses traditions, Ezra et Cinthy Kindred grandissent dans un cocon tissé d’amour et de récits étoilés. Leurs parents, Heron et Jolene, ont bâti un foyer chaleureux, épaulé par les Junkett, l’unique autre famille noire du village. Mais derrière les fleurs, les marées et les promesses chuchotées, une fissure court, invisible encore. L’été 1957, l’adolescence des filles fait vaciller cet équilibre précaire : les regards se durcissent, les gestes se chargent de menaces et l’enfance cède la place à une lucidité brutale. Même Ruby, l’amie blanche d’Ezra, se dérobe. Le village, qui semblait tolérant, révèle ses silences lourds et ses haines enfouies. Rachel Eliza Griffiths, poétesse et artiste visuelle, signe avec Promesse un premier roman d’une intensité rare. L’autrice mêle la poésie à la mémoire, l’intime à l’Histoire. Sa prose, ciselée et vibrante, épouse les contours de l’émotion sans jamais sombrer dans le pathos. Elle peint avec délicatesse les élans du cœur, les silences imposés et les fractures d’une Amérique où le rêve se heurte à la réalité du racisme. Promesse est un roman d’héritage et de fracture qui interroge ce que l’on transmet quand le monde autour ne promet rien qu’un silence hostile. Il dit la force des liens qui sauvent, même au bord du gouffre, et l’insoumission douce mais tenace de celles qu’on voudrait faire taire. Dans les creux du récit se tissent les chants de l’histoire afro-américaine mais aussi un portrait universel de la jeunesse perdue trop tôt. Un texte puissant, brûlant d’humanité, qui murmure longtemps après sa dernière page.