L'Oreille absolue

À la veille de Noël, lors du conseil municipal, alors que l’on vient de constater qu’il n’y a plus de places dans le cimetière, il est simplement décidé qu’il serait raisonnable que personne ne vienne à mourir en cette fin d’année. Dès lors, Agnès Desarthe nous livre une série de portraits des habitants de ce petit village de bord de mer, à travers tous ces petits drames évités par la magie du réflexe des mères, des rencontres inopinées, des observations naturalistes, aussi ! Un hiver, donc, où rien ni personne ne doit mourir mais qui va vers son point d’orgue de l’année : le concert de l’harmonie municipale qui aura lieu le vendredi suivant. De prime abord, rien ne semble lier ces hommes et ces femmes mais c’est bien la musique qui va dessiner le fil qui les unit. À l’approche de ce rendez-vous qui leur est si cher, nous partons à la découverte des habitants de ce petit village, de leurs petits bonheurs, de leurs grands malheurs, de leurs secrets, de leurs écarts, de leurs projets, de leurs rêves les plus intimes aussi. Un village-monde en somme où, à première vue, la quiétude des lieux ne nous permet pas d’imaginer ce qui se joue derrières les portes closes. Les fugues tournent à la rencontre inattendue, les amours interdits refont surface, parents et enfants tentent de mieux se comprendre, les musiciens se lancent les défis les plus nobles. Les drames sont en suspens mais ce petit chœur à bien des histoires à nous raconter et la vérité aurait tout intérêt à rester tue pour que le fil ne vienne à rompre. Ce court roman est fort, doux et incroyablement touchant. L’écriture à la fois simple et ciselée de l’autrice noue et dénoue les destins, nous guide, nous perd et nous retrouve, dans ce ballet de belles âmes rassemblées autour de ce qui les réunit le mieux : la musique.