Littérature française

Antoine Volodine

Frères sorcières

Chronique de Julie Raulet

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Dans Frères sorcières, pièce en trois incantations, Antoine Volodine invoque les pouvoirs primitifs du théâtre et de l’existence. Il y a sans conteste du Antonin Artaud dans ce texte où l’on retrouve les accents du Théâtre de la Cruauté. Dans un premier récit, il donne la parole à Éliane Schubert, témoin de la violence d’un monde à l’agonie. Dans un intermède qui a trait au hurlement, les incantations se déroulent dans le temps et l’espace. Les paroles n’ont pas de sens, seul compte leur rythmique infernale. Enfin, dans un seul souffle, le narrateur file le récit de la vie après la mort, mais aussi de la vie avant la mort, la sortie de la matrice d’un esprit qui n’est pas encore être, mais qui l’a déjà été. Il raconte le chemin de la réincarnation. Ce texte envoûte et déroute, pour mieux capturer par sa magie chamanique. On ne revient pas indemne de cette lecture incantatoire, entre récit mythologique et rite païen, et c’est tant mieux !

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