Roman initiatique à la limite du conte, Celle qui fut moi est un texte riche, habilement orchestré, qui nous plonge dans le passé colonial et les secrets de famille. Un roman envoûtant, un trésor à dénicher.

Sophia L. est une star. Après un divorce douloureux et alors que sa mère est hospitalisée à cause de la maladie d’Alzheimer, elle vit une période complexe de remise en question qui la pousse à fuir les plateaux de cinéma. Le lecteur la rencontre alors qu’une révélation va bouleverser sa vie : Sophia L. parlait beaucoup, enfant, de son « autre maman ». Narratrice à la première personne du récit, elle nous entraîne alors dans ses questionnements, se demandant d’abord s’il serait possible qu’elle ait été adoptée, puis dans ses recherches plus poussées sur la réincarnation. Au fur et à mesure qu’elle compile des histoires similaires d’enfants aux souvenirs étranges, elle décide de passer à l’action pour partir sur les traces de cette « première mère » et pour résoudre les mystères de son histoire. Progressivement, c’est une femme fragile et sensible qui se dévoile, avec son sentiment de ne pas trouver sa place, ses failles, ses aspirations, une femme humaine comme nous tous. Sa rencontre amicale très forte avec un maître Kinsugi amène également une dimension philosophique au roman en mettant très justement en image l’importance de l’acceptation de nos failles qui peuvent devenir des atouts. Le roman a cette force de faire d’un événement a priori extraordinaire et fantastique la porte d’entrée d’une quête universelle de sens que nous avons tous plus ou moins en nous et de plus en plus à l’époque actuelle. En entremêlant les époques, les pays et les histoires de deux personnages qui se complètent, on parvient à un sentiment d’intemporalité qui fait du récit un moment suspendu et infini. Mélange d’enquête et de psychologie intime, c’est un roman hybride qui questionne et passionne, une histoire fascinante et troublante qui ne laisse pas indifférent.